Le satellite Swot s’est envolé avec beaucoup de promesses pour le climat

ESPACE - Un oeil de plus sur la planète. La mission Swot vient de s’élancer ce vendredi 16 décembre depuis la base spatiale de Vanderberg en Floride comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de cet article. À bord d’une fusée Space X, le satellite Swot s’est envolé à 890 km de la Terre. Cette mission cruciale devrait permettre aux scientifiques de mieux comprendre les courants marins, tourbillons et marées à la surface du globe et leur impact sur l’environnement.

« Le satellite SWOT, c’est l’équivalent de six altimètres classiques volant en formation au-dessus de la surface de l’océan. C’est vraiment exceptionnel », lance à l’AFP Aurélien Ponte, chercheur en océanographie spatiale de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer associé à cette mission.

Le nouveau satellite franco-américain de 2,2 tonnes va multiplier par dix la définition des images, ouvrant la voie à une photographie « instantanée » de phénomènes qui parfois font seulement quelques centimètres de hauteur, comme les courants côtiers ou les panaches des fleuves se jetant dans l’océan. Une fois dans l’espace, SWOT, pour Surface Water and Ocean Topography, mesurera le niveau des eaux de surface des océans, mais aussi des lacs et des rivières.

Un rôle déterminant

Pour l’agence spatiale française Cnes et la Nasa, qui collaborent dans ce domaine depuis 30 ans, il s’agit d’une mission « emblématique », rien qu’au regard de son budget d’un milliard de dollars. Les nouvelles informations de Swot permettront de mieux comprendre comment ces différents éléments contribuent à l’équilibre climatique en transportant les masses d’eau et en participant aux échanges de chaleur, de carbone et de nutriments entre la surface et les couches profondes.

Les scientifiques pourront ainsi mieux modéliser et prévoir leur impact sur le fonctionnement physique et biologique de l’océan. « Jusque-là, les seules informations qu’on avait c’était quand il n’y avait pas de nuages, soit la couleur de l’eau, soit sa température. Là, on aura une information plus dynamique et plus régulière », explique Guillaume Charria, chercheur en océanographie physique à l’Ifremer.

« En Méditerranée, on a une région qui va être visitée tous les jours par le satellite » durant la première phase de la mission SWOT. Dans cette région-là, clairement on va pouvoir obtenir des avancées sur ce qui se passe en termes de tourbillons, mieux comprendre les zones où il y a des accumulations de plancton, plus favorables à la vie marine et à la production biologique », ajoute-t-il.

Qu’attendre de Swot ?

À terme, ces avancées pourraient avoir un impact, encore difficile à anticiper, sur des activités comme la pêche ou le transport maritime. Pour cela, le satellite est doté d’un instrument révolutionnaire, un interféromètre baptisé KaRin. Il s’agit de deux antennes radars, situées à dix mètres l’une de l’autre sur le satellite, capable de scanner la surface de l’eau sur 120 kilomètres.

Grâce à l’éloignement des deux antennes et à la stabilité du satellite, « nous allons disposer d’une résolution dix fois supérieure à ce que produisent les technologies actuelles pour mesurer la hauteur des océans et comprendre comment les fronts et les tourbillons océaniques influent sur le climat », explique Karen St Germain, directrice de l’observation de la Terre à la Nasa.

L’enjeu est de taille. Si l’impact sur le climat des grands courants océaniques est connu, il n’en est rien des courants et tourbillons plus localisés, sur une dizaine de kilomètres. Or ceux-ci affectent la température de la surface de la mer, les transferts de chaleur, ainsi que l’absorption par l’océan du CO2 présent dans l’atmosphère, explique Thierry Lafon, chef du projet SWOT au Cnes. Cela aidera à mieux modéliser les conditions météorologiques et climatiques et mieux observer l’érosion côtière et les futurs changements climatiques.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi