Sangoulé Lamizana, un démocrate en uniforme

Le général Aboubacar Sangoulé Lamizana , ancien militaire de l'armée française passé par l'Indochine et l'Algérie, a été président de la Haute-Volta de 1966 à 1980.  - Credit:DR
Le général Aboubacar Sangoulé Lamizana , ancien militaire de l'armée française passé par l'Indochine et l'Algérie, a été président de la Haute-Volta de 1966 à 1980. - Credit:DR

Que l'on me permette de citer, pour une première et toute dernière fois, mon ennemi intime, Sékou Touré : « Je ne connais que deux militaires démocrates : le général de Gaulle et Sangoulé Lamizana. » Car, sur ce point-là, le vampire du camp Boiro, qui savait fort bien ce que dictature voulait dire, a parfaitement raison. De Gaulle s'est volontairement abstenu de commencer une carrière de dictature à 50, à 67 comme à 79 ans malgré le « quarteron de généraux » d'Alger, malgré la « chienlit » de Mai 68. Et de tous les galonnés qui se sont succédé à la tête de nos États, à ma connaissance, Sangoulé Lamizana est celui qui a le mieux respecté les libertés publiques.

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Qui était le général Aboubacar Sangoulé Lamizana ?

D'abord, cet aimable officier n'a jamais été un vulgaire putschiste. Il est arrivé au pouvoir, porté par l'Histoire, je veux dire par le vent de la révolte populaire qui a emporté son prédécesseur, Maurice Yaméogo.

Ensuite, il a toléré et les partis politiques et les syndicats autant qu'il a pu. Jamais le Burkina Faso (ou plutôt, la Haute-Volta) n'a connu une vie politique aussi riche et aussi intense qu'au temps de Lamizana. Les grèves étaient aussi courantes que les matchs de football et on peut avancer sans risque de se tromper que sans le débat politique animé et contradictoire de cette époque-là, la révolution sankariste n'aurait pas eu lieu.

Il a eu la bonne idée, dès son arrivée au pouvoir, de s [...] Lire la suite