Salon de l’Agriculture : plus personne (ou presque) ne veut débattre avec Macron

Emmanuel Macron photographié à Davos le 17 janvier (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP)
LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron photographié à Davos le 17 janvier (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP)

POLITIQUE - Le grand dégât. Alors que l’organisation d’un « grand débat » imaginé par Emmanuel Macron pour le Salon de l’Agriculture tourne au fiasco, plusieurs acteurs du monde agricole et de la grande distribution ont déjà fait savoir qu’ils snoberont l’initiative, parasitée par l’hypothèse (finalement avortée) de convier le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre.

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Dans un communiqué diffusé à la mi-journée, Arnaud Rousseau, le président de la très puissante FNSEA, a fait savoir qu’en dépit de la déprogrammation de l’organisation environnementale, aucun représentant de son organisation syndicale ne participera aux échanges. Pire, il somme le chef de l’État d’enterrer l’idée. « Les conditions d’un dialogue plus apaisé ne sont pas réunies et la dignité des agriculteurs est bafouée par cette démarche qui porte le sceau de la provocation. Dans ce climat d’exaspération, et face aux risques de débordement, nous demandons à ne pas tenir ce débat », a-t-il estimé sur le réseau social X.

« Ligne rouge »

Sur RTL, le président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot a lui adressé une fin de non-recevoir au chef de l’État. « Je serai au Salon, mais pas au débat », a-t-il affirmé, justifiant son choix de la chaise vide par le projet initial de l’Élysée d’associer Les Soulèvements de la Terre aux discussions. « Dans ces conditions, on considère qu’une ligne rouge a été franchie », a-t-il ajouté.

Auprès de l’AFP, la Coordination rurale (2e syndicat représentatif de la profession), a affirmé qu’elle n’enverrait pas de représentant national au débat mais que des responsables locaux prévoyaient de s’y rendre. « Plusieurs adhérents de la Coordination rurale y seront », dont Karine Duc, coprésidente de la CR Lot-et-Garonne qui a rencontré Emmanuel Macron la semaine dernière, a indiqué la présidente du syndicat proche du RN, Véronique Le Floc’h.

Chez la Confédération paysanne, rien n’était encore acté à la mi-journée. Mais la proposition n’emballe pas la porte-parole du syndicat, Laurence Marandola. « Nous avons refusé de leur fournir 30 agriculteurs et quant à notre participation comme porte-parole et secrétaire générale, nous déciderons dans les heures qui viennent. Le vrai sujet ce sont les réponses qui doivent être apportées, pas un énième débat », a-t-elle répondu au HuffPost.

Du côté de la grande distribution, Michel-Édouard Leclerc refuse aussi de participer à cet échange. « Je n’ai pas attendu l’annonce foireuse d’un “grand débat” pour échanger avec des agriculteurs de nos régions », a taclé l’industriel, dans une publication sur le réseau social X. « Je ne participerai pas à ce que j’estime être une grossière manipulation », a-t-il ajouté, n’ayant « vocation ni à jouer l’idiot utile d’une opération de diversion, ni à être l’otage de stratégies politiciennes liées aux prochaines élections européennes ».

Pour l’heure, la tension est toujours aussi vive autour du Salon de l’Agriculture, qui inaugurera ce samedi 24 février sa 60e édition. Dans un communiqué diffusé en fin de matinée, l’Élysée a plaidé l’erreur au sujet des Soulèvements de la Terre. « Les invitations, travaillées avec l’organisation du salon, concernent les agriculteurs, les syndicats agricoles, les industries agroalimentaires, les distributeurs et les associations environnementales représentées dans les instances », défendait la présidence. Des explications qui, au regard des nombreux refus exprimés, ne suffisent pas à convaincre.

En fin de journée, Emmanuel Macron a annoncé finalement qu’il renonçait à l’exercice. « Les syndicats agricoles ont voulu que ce salon ne soit pas ’un salon comme les autres’. Ils avaient voulu un ’débat’ ouvert. Ils en demandent aujourd’hui l’annulation. Dont acte », a publié sur X le chef de l’État.

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