On en sait bien plus sur le cerveau humain grâce à ce projet européen colossal
CERVEAU - C’est l’un des plus grands projets de recherches jamais financé par l’Union européenne. En septembre, le Human Brain Project (HBP), qui regroupait environ 500 scientifiques et dont l’objectif était de comprendre le cerveau humain en le modélisant sur un ordinateur, touchera à sa fin. Après une décennie de recherche et 600 millions d’euros investis, le programme européen a notamment permis des avancées majeures dans le domaine de la santé et des neurosciences.
Le but de l’HBP était de comprendre le fonctionnement du cerveau et des maladies qui peuvent l’affecter en réalisant une modélisation complète du cerveau humain sur un ordinateur. Au bout de dix ans de recherche, les scientifiques sont seulement parvenus à reproduire « des morceaux de cerveau » selon le chercheur en sciences cognitives du CNRS, Yves Frégnac, interrogé par Nature. Raison pour laquelle la revue scientifique évoque un échec de l’objectif initial du programme HBP, tout en admettant qu’il était démesuré.
Le « Google Maps » du cerveau
Néanmoins, les scientifiques ont réussi à visualiser l’organisation des cellules du cerveau dans leur ensemble à l’aide de « cartes en 3D », une avancée fondamentale pour comprendre les maladies qui touchent le cerveau. « L’Human Brain Atlas est un peu comme un Google Maps du cerveau », résume Katrin Amunts, la directrice de la recherche scientifique du projet, à Nature.
Ainsi, en 2019, les scientifiques ont réalisé un test sur 356 patients dans onze hôpitaux de France pour vérifier si les modélisations des cerveaux de patients pouvaient permettre d’identifier l’origine des crises d’épilepsie. Le test a été un franc succès. Depuis, les travaux sur la cartographie du cerveau humain servent à réaliser des modélisations personnalisées de cerveaux de patients atteints de la maladie de Parkinson ou d’épilepsie.
Les avancées sur la compréhension des neurones ont également permis le développement de systèmes neuronaux artificiels capables d’être utilisés pour contrôler des robots ou des smartphones.
Plus de 2 500 publications
Si les scientifiques ne sont pas parvenus à « à l’objectif initial qui était de construire un modèle informatique du cerveau », leurs recherches ont quand même permis de laisser « un héritage de connaissances précieuses à la communauté de chercheurs », a reconnu, d’après Les Echos, Katrin Amunts, la directrice scientifique du HBP au sommet de clôture du projet en avril dernier.
En effet, les chercheurs laissent derrière eux près de 2 500 publications qui témoignent de leurs découvertes. Au-delà des avancées médicales, les scientifiques ont par exemple établi que nos rêves les plus étranges aident notre cerveau à apprendre en extrayant des concepts génériques de nos expériences récentes.
Ces différentes avancées sont suffisamment significatives pour que la directrice scientifique ait demandé une enveloppe supplémentaire afin de poursuivre les recherches. « C’est une course de même nature que celle qui a permis à l’homme de poser le pied sur la Lune », estime Katrin Amunts.
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