Séisme en Turquie et folie ChatGPT

“Où sont les services de l’État ? On ne les voit nulle part… Où est Recep Tayyip Erdogan ? Ils nous ont oubliés ou quoi ?” Ces questions, les habitants de la province de Kahramanmaras, épicentre du “séisme du siècle” – en fait deux séismes – qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février, la posent sans relâche aux envoyés spéciaux de Cumhuriyet. Le reportage du quotidien turc ouvre notre ensemble de six pages sur la catastrophe, qui a déjà fait près de 40 000 morts (et le bilan devrait encore s’alourdir).

Après le choc, c’est la colère des survivants qui domine aujourd’hui en Turquie. Il faut dire que les raisons ne manquent pas, entre les retards des secours, des déclarations provocantes de proches du pouvoir et les soupçons de corruption. Depuis des mois, sismologues, géophysiciens et urbanistes ne cessaient de mettre en garde contre le risque sismique très élevé dans cette région. Après le séisme de 1999 (plus de 17 000 morts), l’État avait mis en place un impôt contre le risque sismique.

Or aujourd’hui, les médias turcs dénoncent l’incurie du gouvernement et s’interrogent sur la destination des milliards prélevés. “Il existe une corrélation entre le manque de démocratie et les dégâts laissés par les catastrophes naturelles”, s’emporte Elif Shafak dans le Financial Times. L’écrivaine dénonce la corruption et l’absence de transparence du régime Erdogan qui a “érigé en système la censure et la désinformation”.

“Dans ma patrie, un nombre alarmant de constructions ne respectent pas les normes. Des pâtés de maisons entiers ont été réduits en ruines par le séisme : au nom de l’argent, par clientélisme et par népotisme, des vies ont été sacrifiées.”

Un propos qui fait écho à ceux de Yassine Hajj Saleh, dont nous avons souvent traduit les textes à Courrier international. Pourquoi le monde s’émeut-il davantage face à une catastrophe naturelle que face au désastre politique d’un demi-siècle de dictature sanguinaire ? s’interroge l’écrivain syrien. “On voudrait ne pas s’embarrasser de considérations politiques alors que le drame actuel supposerait que les conflits politiques soient temporairement mis de côté, écrit-il. Mais ce serait d’une extrême naïveté de parier sur un régime qui n’offre qu’une alternative : mourir de faim ou courber l’échine.”

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