Séisme au Maroc : le Secours populaire nous explique pourquoi l’aide humanitaire tarde à arriver

Plusieurs associations s’impatientent de pouvoir venir en aide au Maroc. Ismaïl Hassouneh, secrétaire national du Secours populaire, répond à nos questions.

Plusieurs associations s’impatientent de pouvoir venir en aide au Maroc après le séisme qui a fait plus de 2000 morts. Rabat n’a pas encore donné son feu vert à l’aide française.

MAROC - Le feu vert pour débloquer l’aide internationale se fait attendre. Après le terrible séisme qui a fait plus de 2 000 morts au Maroc, la solidarité internationale s’est mise en place. Plusieurs pays, dont la France, ont déclaré être prêts à fournir des moyens pour venir en aide aux victimes et aider les secours. « Nous avons mobilisé l’ensemble des équipes techniques et de sécurité pour pouvoir intervenir quand les autorités du Maroc le jugeront utile », a ainsi assuré Emmanuel Macron ce dimanche 10 septembre.

Problème : Rabat n’a toujours pas formulé sa demande officielle d’aide à la France – contrairement, par exemple, à l’Espagne. Sans cette déclaration, ni le gouvernement français ni les associations ne peuvent se rendre sur place. Seulement quelques équipes restreintes de bénévoles ont pu partir.

Toutefois, le Maroc a annoncé dimanche soir avoir accepté l’aide de quatre pays après le puissant séisme qui l’a frappé : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis. Les équipes de sauvetage espagnole, britannique, qatarie et émiratie « sont entrées ce jour (dimanche) en contact » avec leurs homologues au Maroc en vue de coordonner leurs efforts, a ajouté cette même source. D’autres offres pourraient être acceptées à l’avenir « si les besoins devaient évoluer », précise le communiqué

Parmi les organisations en première ligne pour fournir cette aide, le Secours populaire a débloqué une enveloppe de 100 000 euros pour les victimes et lancé un appel aux dons. Son secrétaire national, Ismaïl Hassouneh, a fait le point auprès du HuffPost sur l’arrivée de l’aide française au Maroc.

Le HuffPost : Pourquoi les associations françaises n’ont-elles pas encore été autorisées à aller au Maroc ?

Les premiers jours, c’est forcément très difficile, le gouvernement a besoin de temps pour s’organiser. Les trois premiers jours, il met en place ce que l’on appelle le « premier plan » avec notamment un bilan de la situation et des besoins. C’est seulement ensuite qu’il entre vraiment en contact avec l’aide étrangère.

Pour ce séisme, le bilan est particulièrement difficile à établir. Du côté des grandes villes, on a une idée à peu près claire de la situation et des besoins. Pour les villages, c’est bien plus compliqué : ils sont très isolés, certains sont en montagne et plusieurs routes ne sont plus praticables à cause de la catastrophe. La seule chose que nous savons, c’est que les maisons y sont très fragiles et que les dégâts sont considérables. Mais pour le moment, il est très tôt pour établir un bilan.

Certains bénévoles sont pourtant déjà arrivés sur place ?

Bien sûr, on ne peut pas empêcher les gens qui veulent aider bénévolement d’y aller par eux-mêmes, pour mener des actions à petite échelle. En revanche, les opérations d’aide humanitaire de plus grande ampleur nécessitent de l’organisation, c’est pour cela que les associations attendent le feu vert du Maroc.

À titre d’exemple, le Secours populaire coordonne ses actions avec ses partenaires locaux, mais aussi le Croissant-Rouge marocain et les autorités. Nous recevons les informations au fur et à mesure et ajustons en fonction de celles-ci. Pour commencer, une délégation de notre association va partir dans les deux jours pour rencontrer les partenaires du Croissant-Rouge et évaluer ensemble ce que l’on peut apporter.

Quelles sont les premières opérations que vous allez effectuer sur place ?

Nous avons l’habitude de ce type de situation, nous avions participé à l’aide après le tremblement de terre de 1960 à Agadir (qui avait fait près de 15 000 morts, ndlr). Le processus est le suivant : faire un bilan des besoins, donner de la visibilité pour récolter les fonds nécessaires et apporter de l’aide aux personnes qui en ont besoin.

On sait que la première chose à faire c’est de mettre les gens à l’abri, dans des préfabriqués ou des tentes. Même ceux qui ont encore leur maison en ont besoin, d’une part car ils sont traumatisés, et surtout car ils ne peuvent pas y retourner tout de suite à cause des répliques du tremblement de terre. Cet hébergement peut durer pendant plusieurs semaines. Pendant ce temps, des ingénieurs viennent évaluer l’état des maisons et indiquent s’il est possible ou non de retourner y habiter ou s’il faut reconstruire.

La seconde étape, ce sera de donner aux victimes des moyens de subsistance : des produits de première nécessité et surtout de l’eau potable. Les tremblements de terre ne touchent pas seulement les bâtiments au-dessus du sol mais aussi l’ensemble des infrastructures qui se trouvent en dessous. Cela concerne notamment les eaux usées et l’eau potable. Nous allons donc apporter de l’eau en bouteille et des filtres à eau qui permettent d’obtenir de l’eau potable en une minute.

À quoi vont servir en priorité les dons récoltés par le Secours populaire ?

Les dons financiers permettent d’acheter directement sur place ce dont ont besoin les sinistrés. Par exemple, un filtre à eau coûte 50 euros. Et on sait qu’il faut au moins compter 70 euros d’aide par famille touchée, pour au moins leur apporter de quoi se nourrir et quelques produits d’hygiène.

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