Ruth Elkrief revient sur l’attaque de Mélenchon et son placement sous protection policière

« Je me suis sentie blessée parce qu’on a eu l’air de disqualifier ma manière de pratiquer mon métier », a confié Ruth Elkrief à David Pujadas.

POLITIQUE - « Défendre la liberté des journalistes ». Lundi 4 décembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé une « protection policière » pour la journaliste de LCI Ruth Elkrief, prise pour cible par Jean-Luc Mélenchon la veille sur X. Dans la soirée, sur le plateau de sa chaîne LCI, elle a répondu aux questions de David Pujadas sur le sujet.

Tout est parti d’une interview du coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard, menée par Ruth Elkrief sur LCI le 3 décembre. Manifestement agacé par les questions posées à son poulain, Jean-Luc Mélenchon s’en est pris personnellement à la journaliste.

« Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n’injurie pas les musulmans, cette fanatique s’indigne. Quelle honte ! Bravo Manuel Bompard pour la réplique. Elkrief réduit toute la vie politique à son mépris des musulmans », a-t-il tweeté, s’attirant les foudres de nombreux politiques, y compris à gauche.

Défendre la « liberté des journalistes de poser des questions qui déplaisent »

Ce lundi soir, la journaliste s’est dite « blessée » d’avoir été critiquée sur sa manière de travailler. « Je me suis sentie blessée parce qu’on a eu l’air de disqualifier ma manière de pratiquer mon métier », a-t-elle confié. Remerciant les politiques de tous bords, TF1 et ses confrères journalistes qui l’ont soutenue, elle a ajouté :« Il s’agit de défendre la liberté des journalistes de poser des questions qui déplaisent ».

Ruth Elkrief a également rappelé qu’elle a été élevée au Maroc « dans la connaissance et l’affection intime pour les traditions culturelles et cultuelles juives, musulmanes et chrétiennes ». « C’est pour cela que je crois que seule la République laïque, même si elle est maltraitée, nous permet de vivre dans la concorde ».

Elle précise toutefois que selon elle il y a une condition essentielle à cela : « se définir par sa citoyenneté et non par sa religion ou ses origines. Et ne pas y être renvoyé par les autres. »

« Déchaînement de haine sur Internet »

Dans un communiqué dimanche, le groupe TF1 a dénoncé les « invectives odieuses et les insinuations déplacées » commises par Jean-Luc Mélenchon. Dans le milieu journalistique, cette attaque a également été largement condamnée. « Patrick Cohen ciblé par l’extrême droite, Ruth Elkrief par l’extrême gauche. Des journalistes qu’on cherche à intimider parce qu’ils seraient juifs ? Ils ne seraient donc pas objectifs ? Danger ! Il faut dénoncer collectivement ces pratiques qui menacent la liberté d’information et la démocratie », s’est indigné sa consœur de BMTV, Apolline de Malherbe.

Dénonçant un « déchaînement de haine sur Internet » à la suite du tweet de l’ancien candidat à la présidentielle, Gérald Darmanin a fait savoir qu’il avait donc décidé « de remettre une protection policière » pour Ruth Elkrief.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a, lui, qualifié lundi d’« attaque ignoble » et « extrêment grave » la déclaration de Jean-Luc Mélenchon. « Jean-Luc Mélenchon vous explique que les patrons sont des salauds, que les policiers tuent et que maintenant les journalistes sont des fanatiques. À un moment donné, il faut se poser la question de la place qu’occupe Jean-Luc Mélenchon dans le débat public », a déclaré Olivier Véran sur RTL.

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