En Russie, nouveau tour de vis contre le droit à l'avortement

Les députés russes ont présenté ce mercredi à la Douma un projet de loi visant à exclure les cliniques privées de la liste des organisations médicales habilitées à pratiquer des avortements.

Depuis le début de l'année, Moscou multiplie les tours de vis contre l'avortement, le rendant pratiquement "illégal" dans certaines régions. Le mois dernier, le patriarche Kirill a demandé d'interdire les interruptions volontaires de grossesse dans tout le pays : "sans exagération, il s'agit d'un véritable désastre national qui détruit l'avenir de notre société et détruit l'idée de la valeur de la vie humaine."

"Seul l'État devrait contrôler où, quand et qui est tué dans nos cliniques" a ajouté Natalia Moskvitina, présidente de l'association caritative "Femmes pour la vie" et membre de la Chambre publique de la Fédération de Russie.

A Moscou, ce nouveau projet de loi effraie les jeunes femmes. "C'est une idée dégoûtante, car le travail clandestin des cliniques et des hôpitaux va se propager, la mortalité féminine va augmenter, ce qui entraînera des problèmes démographiques" commente une étudiante.

Certains élus ont appelé les députés à ne pas effrayer les femmes et à laisser le droit de décision aux familles. Mais les observateurs considèrent que le débat autour de l'avortement qui se déroule actuellement dans les médias d’État ressemble à une stratégie électorale.

Alexeï Rakcha, démographe indépendant, explique : "il y a maintenant une sorte de fièvre électorale, et quelqu'un a décidé que c'était un bon sujet pour détourner l'attention de questions plus sérieuses. Le nombre d’avortements a été divisé par 14 depuis l’effondrement de l’URSS."

Jusqu’à présent, la législation russe sur l’avortement reste l’une des plus libérales au monde.