La Russie accusée de multiplier les sabotages et les campagnes de déstabilisation en Europe

La Russie mène-t-elle une guerre hybride à l'échelle européenne? Depuis maintenant plusieurs semaines, les services de renseignement du continent s'inquiètent de potentiels sabotages et autres opérations violentes organisées par Moscou en parallèle de la guerre en Ukraine.

Début mai, le directeur des services de renseignement allemand, Thomas Haldenwang, avait ainsi alerté ses homologues français, suédois et britanniques, soulignait Les Échos. Dans un article consacré au sujet daté du 30 mai, The Guardian souligne que désormais, les services de sécurité de toute l'Europe sont en alerte en ce qui concerne ces actions russes.

"Les Russes ont pour objectif de déstabiliser l’Union européenne avec une guerre hybride. Vladimir Poutine déteste l’Union européenne telle qu’elle est", explique à BFMTV.com, le général Jérôme Pellistrandi, consultant en matière de défense.

Offensive à l'échelle européenne?

Comme l'explique encore ce dernier, ces actions "ne sont pas des actions militaires", mais plutôt "des cyberattaques des actions contre la logistique, par exemple le chemin de fer. Il y a déjà eu des premières pannes suspectes en Allemagne et en Europe de l’Est, des incidents qui laissent penser à des sabotages", dit-il.

Dans les faits, les cas sont nombreux, en particulier en Pologne. Mercredi 29 mai, les services de sécurité y ont annoncé l'arrestation de trois personnes soupçonnées d'avoir déclenché "pour le compte" de la Russie des incendies criminels dans diverses régions du pays.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a pour sa part récemment déclaré que ces derniers mois plusieurs tentatives d'actions de sabotage et d'incendies criminels avaient eu lieu en Pologne pour le compte des services de renseignement russes.

Et les cas suspects ne se cantonnent pas qu'à la Pologne. Comme l'explique encore The Guardian, en Lituanie, les enquêteurs s'intéressent à un incendie suspect qui a touché un magasin de l'enseigne d'ameublement Ikea à Vilnius, la capitale. Est également pointé un incendie survenu fin avril dans l'est de Londres qui visait des entreprises liées à l'Ukraine ainsi que des arrestations récentes en Allemagne.

De manière générale, Martin Kupka, le ministre tchèque des transports a accusé, dans un entretien accordé au Financial Times début avril, la Russie d'avoir cherché à saboter les infrastructures ferroviaires européennes des "milliers" de fois à travers des groupes de pirates informatiques.

La France également concernée

Avant les Jeux olympiques et les élections européennes, la France est également prise pour cible. "Tout cela va passer par la désinformation via des proxy. Nous avons eu l’exemple récemment avec l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie", explique le général Pellistrandi.

En marge des graves émeutes qui ont touché l'archipel du pacifique ces dernières semaines, le pays du Caucase, allié de Moscou, a été accusé d'ingérence par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Et le général Pellistrandi d'ajouter: "en France il y a déjà eu des cyberattaques avec des hackers identifiés. Il y a également eu les actes connotés comme antisémites."

Il fait ici référence aux étoiles de David peintes dans plusieurs zones de Paris, ou encore, plus récemment, aux mains rouges taguées sur le mémorial de la Shoah, deux opérations derrière lesquelles plane l'ombre d'une déstabilisation russe.

Pour ce dernier, la guerre hybride à la Russe existait déjà du temps de l'URSS et avait eu tendance à s'estomper après la chute de l'Empire soviétique. "Mais cela redevient important", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com