Allemagne: deux espions russes présumés arrêtés pour des suspicions de sabotages
Deux hommes sont accusés d'avoir effectué des repérages en vue d'attaques sur le sol allemand. Notamment contre des "installations des forces armées américaines". Et ce, selon les autorités allemandes, pour soutenir le "régime criminel de Poutine" dans sa guerre contre l'Ukraine.
Identifiés comme Dieter S. et Alexander J, les deux hommes, qui possèdent la double nationalité allemande et russe, ont été interpellés à Bayreuth, ville de Bavière, dans le sud-est du pays, a précisé ce jeudi 18 avril le parquet anti-terroriste dans un communiqué.
Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, la grande base américaine bavaroise de Grafenwöhr, où des soldats ukrainiens sont formés à l'utilisation de chars américains de combat Abrams, était notamment dans leur viseur.
Des allégations "absurdes" pour Moscou
La ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser a salué le travail des services de sécurité qui ont "empêché de possibles attentats à l'explosif qui devaient frapper et saper notre aide militaire à l'Ukraine".
"Il s'agit d'un cas particulièrement grave d'activité présumée d'agents pour le régime criminel (du président russe Vladimir) Poutine", a-t-elle dénoncé sur son compte X.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fait convoquer l'ambassadeur russe à Berlin, et il lui a été signifié que le gouvernement ne permettrait pas à Vladimir Poutine "d'apporter sa terreur en Allemagne", a-t-elle indiqué sur son compte X.
"Nous n'accepterons jamais que des activités d'espionnage aient lieu en Allemagne", a dit de son côté Olaf Scholz à Bruxelles.
La Russie a répliqué en dénonçant des allégations "absurdes et ridicules" et l'absence de "preuve", dans un message sur X de son ambassade en Allemagne.
"Saper le soutien militaire apporté à l'Ukraine"
L'affaire a déjà des conséquences diplomatiques: la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fait convoquer l'ambassadeur russe à Berlin, a indiqué un porte-parole de son ministère.
Des policiers ont également perquisitionné les domiciles et les lieux de travail des deux hommes mercredi.
Concrètement, ils sont soupçonnés "d'avoir été actifs pour un service de renseignement étranger" dans ce que les procureurs qualifient eux aussi de "cas particulièrement grave" d'espionnage.
Le principal accusé, Dieter S., âgé de 39 ans selon Der Spiegel, échangeait des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes depuis octobre 2023 en vue d'éventuels actes de sabotage sur le territoire allemand. "Les actions visaient en particulier à saper le soutien militaire apporté par l'Allemagne à l'Ukraine contre la guerre d'agression russe", ont déclaré les procureurs.
Dieter S. se serait déclaré prêt auprès de ce contact à "commettre des attentats à l'explosif et des incendies criminels, principalement contre des infrastructures militaires et des sites industriels en Allemagne".
À cette fin, il a rassemblé des informations sur des cibles potentielles, pris des photos et tourné des vidéos de certaines cibles potentielles comme des transports et d'équipements militaires, puis aurait ensuite communiqué ces informations à son contact. Son complice Alexander J., 37 ans selon les médias allemands, s'est joint à lui à partir de la fin mars 2024, selon le parquet.
Dieter S. est également accusé d'appartenir à une organisation "terroriste" étrangère, les procureurs le soupçonnant d'avoir été un combattant d'une milice armée séparatiste de la "République populaire de Donetsk", autoproclamée dans l'est de l'Ukraine, entre 2014 et 2016.
Plusieurs affaires d'espionnage présumé
L'Allemagne ne va pas se laisser "intimider", a déclaré la ministre de l'Intérieur, ajoutant que son pays, plus gros fournisseur européen d'armes à Kiev, continuerait "à soutenir massivement l'Ukraine".
L'annonce des arrestations intervient alors que le vice-chancelier Robert Habeck était ce jeudi en visite surprise à Kiev pour réaffirmer le soutien de l'Allemagne.
L'Allemagne a fait face à plusieurs affaires d'espionnage présumé pour le compte de la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine au début de l'année 2022. Un ancien agent secret allemand est actuellement jugé à Berlin pour avoir transmis des informations classées secrètes au service de sécurité russe (FSB) à l'automne 2022, accusation qu'il nie catégoriquement.
En novembre 2022, un Allemand a été condamné à une peine avec sursis pour avoir fait passer des informations aux services de renseignement russes alors qu'il travaillait comme officier de réserve pour l'armée allemande.
"Nous savons que l'appareil du pouvoir russe prend également pour cible notre pays, nous devons réagir à cette menace de manière déterminée", a commenté le ministre de la Justice Marco Buschmann.