Les ruptures en amitié peuvent être aussi douloureuses que les ruptures amoureuses : « On se disait tout… »

 « C’est comme si j’avais rompu avec une amoureuse. Je pense à elle avec une sorte d’incompréhension mélangée à de la nostalgie » raconte Nina à propos d’une ancienne amie
Henglein and Steets / Getty Images/Image Source « C’est comme si j’avais rompu avec une amoureuse. Je pense à elle avec une sorte d’incompréhension mélangée à de la nostalgie » raconte Nina à propos d’une ancienne amie

AMITIÉ - « Je lui ai envoyé un pavé pour lui dire que j’étais affecté par l’état de notre relation, elle m’a laissé en vu ». Romain* a 25 ans et il y a quatre ans, sa meilleure amie a cessé de répondre à ses messages. Un ghosting qu’on associe plus souvent aux histoires d’amour naissantes qu’à une relation amicale durable. Pourtant, l’amitié est bel et bien une relation affective avec ses hauts, ses bas, ses débuts… Et ses fins.

Une amitié peut-elle se terminer plus facilement qu’une histoire d’amour ? Probablement pas, d’après les quatre personnes qui ont témoigné auprès du HuffPost. Ghosting, dispute ou lettre d’adieu, leurs ruptures amicales ont changé leur rapport aux autres et ont laissé des marques, souvent similaires à celles que laissent les séparations.

Se faire ghoster par ses amis

« Pendant six ans, nous avons vécu une amitié dont j’étais sûr qu’elle durerait toute notre vie. J’avais l’impression qu’il y avait une forme d’amour inconditionnel entre nous », se souvient Romain, décrivant sa relation avec cette amie proche. « Je l’ai vue devenir de plus en plus distante, jusqu’à complètement arrêter de me parler. Ça m’a énormément affecté, j’en parlais beaucoup avec ma copine de l’époque. »

Un éloignement progressif difficile à comprendre pour ceux qui en font les frais. Nina* en sait quelque chose : quand elle a quitté son pays natal pour le travail, elle a également été ghostée par sa meilleure amie de l’époque. « On était inséparables. On passait tout notre temps ensemble, on voyageait ensemble, on se disait tout…, énumère-t-elle. Elle avait l’habitude de me mettre des lapins mais je croyais que c’était dû à son manque d’organisation, je ne lui en voulais jamais. »

Elle ne s’inquiète donc pas tout de suite quand elle rentre sa ville natale et constate que son amie fait la morte. « C’est allé crescendo. Des lapins, des vents, puis le silence. Je n’ai jamais compris ce qui s’était passé, si j’avais fait quelque chose de mal ou si elle s’était lassée de moi. Parfois j’ai envie de lui demander, mais en même temps ça me fait peur et je ne sais pas vraiment comment la contacter ».

La culpabilité de rompre avec un proche

Pour celles et ceux qui prennent la décision de rompre, les choses ne semblent pas plus simples. Quand Guillaume*, la trentaine, a dû annoncer à un ami qu’il ne voulait plus le voir parce qu’il se sentait jugé par lui, il explique avoir beaucoup culpabilisé. « Je lui ai dit “Je crois que quand on se voit, on est tous les deux un peu mal à l’aise, on n’arrive pas à communiquer, je n’ai pas trop envie de ça” ». Il estime que c’est le moment de laisser leur relation se terminer, mais son ami n’est pas du même avis. « Je l’ai senti s’accrocher alors que je voulais partir, un truc que j’avais déjà expérimenté avec des anciennes partenaires. Je me sentais super coupable parce que j’avais l’impression que mon envie de mettre fin à la relation était à sens unique. C’était très stressant ». Il ne change cependant pas d’avis : il faut que leur relation s’arrête.

Juliette* a ressenti le même stress quand elle a décidé, après des années de relation « toxique », de rompre avec une amie proche. « Dans notre groupe de potes, elle exerçait une sorte d’emprise. Elle avait besoin qu’on lui prouve beaucoup de choses, boudait quand on n’allait pas dans son sens… J’ai fini par dire stop, raconte l’étudiante, qui lui a d’abord écrit une lettre pour couper les ponts, sans jamais l’envoyer. J’ai tenu quelques mois, puis je lui ai dit par message : “Il faut qu’on arrête, moi, je n’en peux plus, il y a beaucoup de choses qui ne me conviennent pas dans cette relation” ».

Un deuil de relation similaire à celui d’un couple

Dans les temps qui ont suivi son message, Juliette a ressenti beaucoup d’émotions négatives. « J’avais peur de la solitude, l’angoisse de ne pas réussir à rencontrer d’autres amis, de ne pas pouvoir remplacer cette relation. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre ». Une anxiété qu’elle compare volontiers à ce qu’elle a expérimenté après des ruptures.

Elle n’est pas la seule : Romain et Nina déclarent eux aussi avoir gardé de ces fins de relations amicales des séquelles similaires à celles d’une séparation amoureuse. « Le fait que la porte n’ait jamais été complètement fermée par une conversation m’a empêché de faire le deuil de cette relation, j’y repense toujours avec un pincement au cœur » souligne Romain. Nina, quant à elle, a vu ses peurs de l’abandon s’intensifier. « C’est comme si j’avais rompu avec une amoureuse. Je pense à elle parfois, avec une sorte d’incompréhension mélangée à de la nostalgie. » Peut-on « reconquérir » un ami comme on essaierait de reconquérir un ex ? Aucune des personnes interrogées n’a essayé.

* Les prénoms ont été modifiés

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