Rugby à 7: les Bleues en bronze à Singapour, Courteix se projette sur les JO de Paris 2024

Il fallait remonter sur le podium après une cinquième et une quatrième place à Los Angeles (en mars) et à Hong Kong (en avril). L'équipe de France féminine de rugby à 7 repart de Singapour avec la médaille de bronze autour du coup et conforte sa troisième place mondiale derrière les sensations néo-zélandaises et australiennes.

Les Bleues se sont largement imposées (29-7) face aux Fidjiennes pour la troisième place du tournoi, ce dimanche. Mais le constat reste pour l'instant le même: à la fin, ce sont les Néo-Zélandaises ou les Australiennes qui gagnent. Cette fois-ci, c'est l'Australie qui est venue gâcher la fête en battant la France 19 à 12 en demi-finale. Ces Aussies se sont inclinées en finale face aux Black Ferns (21-31).

Un seul succès face à l'Australie

Malgré l'élimination en demies, le sélectionneur tricolore David Courteix retient l'Australie comme l'un des matchs référence de ce week-end. "On les a vraiment emmerdées sur leurs points forts. On a réussi à respecter le plan de jeu tout en ne sombrant jamais dans la répétition de ce plan de jeu, ce qui n'est pas toujours le cas dans les grands matchs très accrochés. On est pertinentes en défense, on les prend où il faut offensivement, on se crée beaucoup d'occasions d'essais et ça me semble maîtrisé."

Toujours est-il qu'en six confrontations cette saison, les Françaises ne l'ont emporté qu'une seule fois face aux Australiennes, en demi-finale du tournoi de Vancouver fin février. Ce qui fait la différence entre ces deux équipes, selon David Courteix, c'est la confiance. "Quand ça se joue à très peu de choses, il faut croire en soi. Il faut avoir confiance, avoir de l'assurance. Je ne dis pas d'arrogance, mais un petit peu d'assurance."

Prendre de l'assurance

L'ex-troisième ligne auvergnat mène un travail en profondeur sur la psychologie de son équipe. "J'ai le sentiment que ce match-là a tourné autour de quelques actions. Il y a une équipe qui dégage une espèce de constance, d'assurance presque hautaine, et une équipe enthousiaste qui a des qualités, qui se crée des occasions mais qui n'affiche pas la conviction qu'elle peut y arriver. Je trouve que l'on manque de confiance en nous, d'affirmation en tant que groupe. Je le ressens beaucoup."

"Je vais vous prendre les décisions d'arbitrage, poursuit David Courteix. Elles ne nous sont pas contraires parce qu'on nous arbitre mal. Elles nous sont contraires parce que, par moment, on ne dégage pas assez d'assurance. Par exemple, quand Carla Neisen redémarre dans le fermé et se fait jeter en touche, il y a deux Australiennes qui sont hors-jeu. Mais elles ont un tel bagout qu'elles finissent par faire douter la personne qui décide. Ça marche pour l'arbitrage comme pour tout un tas de choses. Quand on s'arrête systématiquement à un mètre de la ligne, que l'on a des occasions aussi franches et qu'on ne les met pas au fond, c'est souvent un problème de conviction."

Le clin d'oeil de Courteix à Galthié

Plus globalement, le coach français se dit satisfait de la performance de ses septistes. "Je veux souligner l'effectif avec des joueuses expérimentées qui n'étaient pas là pour des raisons assumées. On a un groupe avec beaucoup de personnes impliquées, l'effet JO joue. Les deux jeunes, Alycia Christiaens et Cléo Hagel, ont répondu aux attentes." Il souligne "L'engagement, le culot" des Françaises. "On prend huit essais dans le tournoi dont trois ou quatre qui sont évitables. On s'est donné les moyens de prendre aussi peu d'essais dans un tournoi."

Le technicien français adresse un clin d'œil plein d'humour à son homologue du XV de France, Fabien Galthié. "Je jure que je ne me moque de personne ! Face à l'Australie, si l'on prend les expected goals, nous pouvions revendiquer d'avoir gagné."

Madrid: dernière étape avant les Jeux

La suite pour les Bleues ? Les joueuses vont rentrer chez elles pour quinze jours de repos et de préparation physique en autonomie. Celles qui n'étaient pas du voyage à Singapour se mettront au travail dès cette semaine. Le groupe se retrouvera ensuite à Hossegor pour un stage, avant de disputer un tournoi amical face à l'Irlande, contre Etats-Unis et les Fidji, du vendredi 24 au samedi 25 mai, au stade Jean Dauger de Bayonne. Chaque équipe disputera cinq matchs lors de ce week-end. Puis les Bleues prendront la direction de Madrid pour le tournoi final du World Sevens Series, du 31 mai au 2 juin. Ce sera la dernière marche avant les Jeux de Paris. "C'est à Madrid que l'on va gagner, assure dans un sourire David Courteix. C'est là que ça compte."

Le casse-tête de la liste pour Paris

Pour l'étape madrilène, les Bleues devront se passer de deux de leurs cadres: Caroline Drouin (touchée au genou) et Joanna Grisez (qui souffre d'une lésion musculaire à un mollet). D'autres joueuses sont incertaines avant l'Espagne. Malgré tout, le sélectionneur va devoir composer avec ces contraintes dans le "money time" et affiner sa liste en vue des Jeux.

"Pour Rio et Tokyo, ça s'était affiné progressivement. Il y avait quand-même un effectif qui se dégageait assez clairement dans ma tête. Là, pour être honnête, l'effectif est dense. Il y a beaucoup de choix et il y aura de vrais paris à faire. Il y aura de l'embouteillage au portillon et des arbitrages à faire. Ils seront sans doute plus complexes que jamais."

Article original publié sur RMC Sport