Le Royaume-Uni veut cesser de jeter des eaux non traitées dans la mer... d’ici à 2050

SWANAGE, ENGLAND - AUGUST 19: Beach goers are seen enjoying the weather at the beach, on August 19, 2022 in Swanage, United Kingdom. Swanage was named, on Wessex Water's website, as one of the beaches where sewage was discharged on Wednesday August 17th. (Photo by Finnbarr Webster/Getty Images)

Finnbarr Webster / Getty Images

A Swanage, en Angleterre, des eaux usées ont été rejetées dans la mer le 17 août 2022.

ROYAUME-UNI - Après la polémique au Royaume-Uni et en France sur les eaux usées rejetées dans la mer par les entreprises de distribution de l’eau britannique, le gouvernement de Londres a annoncé ce samedi 27 août sa volonté de réduire à zéro les rejets d’eaux usées non traitées d’ici à... 2050.

Les compagnies des eaux vont devoir investir quelque 56 milliards de livres (66 milliards d’euros) pour rénover les systèmes d’égouts, selon un plan gouvernemental présenté vendredi. Ces investissements colossaux vont se traduire par une hausse de la facture des consommateurs, a déjà prévenu le gouvernement.

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Il s’agit de « révolutionner nos réseaux d’égouts », a souligné George Eustice, ministre de l’Environnement interrogé par la radio BBC4, relevant que la situation actuelle, avec quelque 15 000 conduites d’eaux usées se déversant dans la mer, constituait « un héritage de l’infrastructure victorienne » du XIXe siècle.

Une cinquantaine de plages polluées par les eaux usées

Des eaux usées non traitées peuvent ainsi être déversées en grande quantité, particulièrement lorsque les systèmes d’évacuation sont saturés par de violentes pluies d’orage, comme cela s’est produit la semaine dernière.

En pleine saison d’été, de nombreuses plages du Royaume-Uni ont ainsi été interdites à la baignade en raison du risque sanitaire. Selon l’association Surfers against sewage (« Les surfeurs contre les eaux usées »), une cinquantaine de plages de l’Angleterre et du Pays de Galles étaient « dangereusement polluées » en raison du déversement d’eaux usées dans la mer à la mi-août, après les fortes pluies.

Le système de rejet dans la mer est en théorie réservé aux circonstances « exceptionnelles ». Pourtant, 400 000 événements de ce type ont été comptabilisés en 2021 par l’Agence de l’environnement. Il y a quelques jours, cette dernière dévoilait également, sur demande du parti Travailliste, que plus d’1,2 million de déversements avaient eu lieu entre 2016 et 2021 en Angleterre et au Pays de Galles.

« Catastrophe écologique »

Vendredi, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand avait alerté le gouvernement français sur ces rejets d’eaux usées, une « catastrophe écologique » qui s’aggrave selon lui depuis le Brexit. Avant lui, trois eurodéputés français ont dénoncé l’attitude du Royaume-Uni, qui « s’est exonéré de ses exigences environnementales en matière de qualité des eaux ».

Le ministre de l’Environnement a assuré que le gouvernement britannique actuel, qui n’a plus que quelques jours d’existence devant lui dans l’attente de la désignation par le parti conservateur d’un successeur à Boris Johnson d’ici au 5 septembre, était « le premier à s’attaquer sérieusement à ce dossier ».

« La raison pour laquelle cette décision a été repoussée par des gouvernements successifs, aussi bien travaillistes que conservateurs, pendant des décennies, est que l’on a voulu que les factures d’eau restent basses, et on peut le comprendre », a-t-il.

Des investissements synonymes de hausse des prix

Les compagnies de distribution des eaux devront avoir rénové d’ici à 2035 les conduites se déversant à proximité de zones désignées de baignade, aux termes du plan gouvernemental, et au plus tard en 2050 pour les autres. Le coût supplémentaire pour les consommateurs d’ici à 2030 sera de quelque 12 livres par an et par foyer, et de 42 livres à l’horizon 2050, alors que l’inflation frappe déjà fortement le pays.

L’opposition libérale-démocrate a qualifié ce plan de « cruelle plaisanterie » et estimé qu’il y aurait toujours 325 000 déversements d’eaux usées par an en 2030, dans la mer, des lacs ou des cours d’eau.

La Commission européenne avait affirmé jeudi qu’elle répondrait bientôt aux plaintes émises par les trois députés européens sur le sujet.

À voir également aussi sur le Huffpost : Quelles alternatives pour faire face à la pénurie d’eau potable ?

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