Royaume-Uni : restreindre l’usage des tentes par les SDF, le projet controversé de Suella Braverman
INTERNATIONAL - Plus de tentes dans les rues des grandes villes d’Angleterre et du pays de Galles. C’est l’objectif de la ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, qui déplore un nombre croissant de sans-abri au Royaume-Uni. « Si nous n’intervenons pas maintenant (...), les villes britanniques suivront le chemin de villes américaines comme San Francisco et Los Angeles, où la faiblesse des politiques a conduit à une explosion de la criminalité, de la toxicomanie et de la misère », a-t-elle ainsi estimé sur X (ex-Twitter) ce samedi 4 novembre.
« Nous ne pouvons pas permettre que nos rues soient envahies par des rangées de tentes occupées par des personnes, souvent étrangères, qui vivent dans la rue par choix de vie », a ajouté la ministre, comme vous pouvez le lire ci-dessous.
The British people are compassionate. We will always support those who are genuinely homeless. But we cannot allow our streets to be taken over by rows of tents occupied by people, many of them from abroad, living on the streets as a lifestyle choice. 1/4 https://t.co/fT1Ou5kD5Q
— Suella Braverman MP (@SuellaBraverman) November 4, 2023
Avec sa série de tweets, Suella Braveman confirme les informations du Financial Times selon lesquelles le gouvernement de restreindre l’utilisation des tentes par les sans-abri dans les zones urbaines. Plus encore, la ministre souhaiterait écrire dans la loi une nouvelle infraction civile pour dissuader les associations caritatives de fournir des tentes aux sans-abri.
Plus de marge de manœuvre pour la police
Ces propositions figureraient dans deux clauses d’un nouveau projet de loi sur la justice pénale, précise le Financial Times. Plus largement, l’exécutif conservateur veut faire adopter un plan de lutte contre les comportements « antisociaux », qui doit donner davantage de prérogatives à la police face aux nuisances liées à la mendicité et aux sans-abri.
La police pourrait par exemple déplacer les personnes dormant devant les portes des magasins, ou encore « enlever les débris, les tentes et les accessoires qui peuvent gâcher une zone » urbaine.
Un plan pointé du doigt par les organisations caritatives britanniques, qui alertent sur la combinaison de la crise du logement (hausse des loyers, mais aussi pénurie de logements sociaux) et de l’augmentation générale du coût de la vie. « Au cours des 12 derniers mois, à Londres, le nombre de personnes vivant leur première nuit dans la rue a augmenté de 29 % », relève ainsi l’association Crisis.
2/4 In the last 12 months, in London, there’s been a 29% increase in people experiencing their first night on the streets. This is a consequence of poverty - and poverty in this country has been exacerbated by policy choices. https://t.co/Nwp4ct7k42
— Crisis (@crisis_uk) November 4, 2023
« Les personnes qui dorment dans la rue sont souvent confrontées à la violence et aux abus », insiste l’association sur X (ex-Twitter), notant que « l’âge moyen du décès des personnes sans abri n’est que de 45 ans pour les hommes et de 43 ans pour les femmes. Ce n’est pas une vie que les gens choisissent ».
Le directeur général de l’association déplore auprès du Financial Times ce nouveau projet du gouvernement. « Dépouiller les gens de leur seule protection n’est pas la solution », veut-il rappeler. Pour lui, ces mesures vont criminaliser l’utilisation de tentes et risque au contraire de creuser la crise des sans-abri que connaît la Grande-Bretagne.
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