Route du Rhum 2022 : bon vent et… Bon sommeil !

Le skipper Francis Joyon célèbre sa victoire sur la Route du Rhum à Pointe-a-Pitre
LOIC VENANCE via Getty Images Le skipper Francis Joyon célèbre sa victoire sur la Route du Rhum à Pointe-a-Pitre

SOMMEIL - Cette année, la mythique Route du Rhum, course transatlantique à voile et en solitaire, s’élancera de Saint-Malo ! Celle-ci aura pour point d’orgue son arrivée à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), une dizaine de jours plus tard… Quatre ans après la dernière édition, ce ne sont pas moins de 138 skippers qui prendront le large et essayeront de déjouer les éléments, notamment plusieurs zones maritimes qui pourront se montrer particulièrement piégeuses.

Gestion cruciale du sommeil

Alors, si « Quand la mer est tranquille, chaque bateau a un bon capitaine », comme le souligne cet adage suédois, nul doute qu’à ce niveau de difficulté et de performance, le moindre détail compte. Le sommeil ne fait pas exception ! Il est même crucial et déterminant pour permettre aux navigateurs de réaliser le meilleur temps possible, ne pas commettre d’erreurs et résoudre les situations complexes qui se présenteront à bord. En effet, seuls à la barre, ces skippers voient leur physique et leur mental mis à rude épreuve pendant plus d’une semaine ; la gestion du sommeil devient alors essentielle dans leur préparation et la gestion de leur course.

Arthur le Vaillant, 4e de la dernière édition et à nouveau au départ cette année, explique la singularité du sommeil à bord : « Dans les premiers jours de course, où tous les bateaux évoluent ensemble dans des conditions intenses, on doit avoir une attention de tous les instants. On fait donc des siestes de cinq minutes, simplement en s’asseyant et en calant la tête sur le bateau ». Dès que la mer devient plus calme et les concurrents davantage dispersés, les marins s’accordent des cycles de sommeil plus longs.

Le Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu est particulièrement investi dans l’accompagnement de ces marins d’exception.

Quel type de dormeur est le navigateur

Il y a tout d’abord une approche à terre pour savoir quel type de dormeur est le navigateur, grâce entre autres à des enregistrements polysomnographies, afin de savoir comment fonctionne son horloge biologique. Après cela, place aux enregistrements en mer en situation de course, sur la Transat Jacques Vabre et sur la Vendée Arctique notamment. Enfin, débriefing à l’arrivée afin de déterminer les composantes de son sommeil (moment, durée, etc.) pour l’optimiser.

Ainsi, face à la violence de l’environnement à bord - issu des courants, des vagues et du vent - l’apprentissage du sommeil fractionné (polyphasique) est impératif, afin de ne pas se retrouver en manque de sommeil et commettre une erreur qui pourrait conduire à un problème majeur de sécurité.

Le sommeil à bord

À bord, les skippers utilisent un type de sommeil polyphasique. Il y a trois types de sommeil : un où ils vont faire un cycle entier de sommeil, c’est-à-dire en moyenne entre 1 h 15 et 2 heures, un deuxième qui correspond aux fameuses siestes du navigateur qui durent entre 10 et 40 minutes et puis, tout au long de leur parcours, ils font des siestes de quelques minutes. Chaque sieste a une capacité de récupération, soit de la mémoire, soit du physique, soit de la lucidité, ce qui est très important pour la prise de décisions. Il faut qu’ils dorment dès qu’ils le peuvent car s’ils sont en dette de sommeil, c’est un risque de mauvaise prise de décision.

Autrement dit, au-delà de ses qualités de navigation, le meilleur skipper est le meilleur dormeur. Pas celui qui dort le plus, mais celui qui dort le mieux et au meilleur des moments !

Alors, aux 138 marins d’exception, souhaitons-leur : Bonne course, bon vent, bonne mer, Kenavo… Et bon sommeil !

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