Roland-Garros 2024: "Une ambiance absolument incroyable", ces joueurs étrangers qui défendent le public français

"Je ne pensais pas que ça allait faire autant de buzz." David Goffin a-t-il parlé un peu trop vite en s’attaquant à l'atmosphère électrique qui règne parfois autour des courts à Roland-Garros? Le Belge avait critiqué le comportement des spectateurs du court n°14, réputé pour son ambiance, après sa victoire épique contre Giovanni Mpetshi Perricard. "Certains sont plus là pour foutre le bordel que pour mettre l’ambiance", déplorait-il.

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Dès le lendemain, il avait été rejoint dans son exaspération par la n°1 mondiale Iga Swiatek, laquelle estimait que le public français était trop bruyant entre les points. Ces deux prises de parole très médiatisées ont entraîné une réaction immédiate de la part de l’organisation et soulevé un débat légitime qui divise, y compris les joueurs et les joueuses, car toutes et tous ne partagent pas le même sentiment. Alors, Roland-Garros, un enfer sur terre (battue) pour les joueurs étrangers?

"Il faut faire attention à ce qu’on dit", a estimé le Britannique Daniel Evans dans les colonnes du Times, surpris de la réaction de certains joueurs à l’égard du public. "L'atmosphère qui règne ici est l'une des meilleures qui soient. Les gens sont passionnés et adorent ça", a-t-il plaidé. "Il y a des enfants partout qui aiment le tennis. "Les spectateurs paient de l'argent durement gagné pour venir ici, et certains joueurs leur disent d'arrêter d'être bruyants... Arrêtez, c'est du sport. Nous voulons que le public soit au rendez-vous. Les traiter de hooligans est tout simplement risible."

"Mon rêve, c'est de jouer dans de telles ambiances"

Cette dernière pique est directement adressée à David Goffin, qui en a remis une couche jeudi, exprimant son inquiétude de voir un public de connaisseurs progressivement remplacé par un autre type de supporteurs, plus engagés encore émotionnellement, et dont la passion et l’intensité débordent, parfois violemment, heureusement très rarement.

"Quand il commence à y avoir des clans de supporteurs qui vont de plus en plus loin… C’est une escalade", a toutefois averti Goffin. "Je ne sais pas jusqu’où ça peut aller. Dans les stades de foot, ça peut aller très loin. Je ne pense pas que ça ait sa place dans le tennis. Le principal est d’encourager aussi fort qu’on peut celui qu’on aime. Mais tout faire pour faire déjouer celui qu’on "n’aime pas", ça ne va pas trop dans le sens de bonne conduite des supporteurs."

David Goffin n'a pas été soutenu dans sa diatribe par son compatriote Zizou Bergs, qui a hérité de ce prénom peu commun en hommage "au grand Zinedine Zidane". Ce qui prouve que les ponts entre le football et le tennis existent aussi pour le meilleur. Et lui l'ambianceur ne peut que se délecter de se produire dans de telles ambiances qu'il participe à nourrir: "Mon rêve, ce n’est pas de gagner Roland‐Garros, c’est de jouer dans de telles ambiances. Quand ils chantaient la Marseillaise, je voulais aller les rejoindre. Pour certains, c'est très dur de jouer dans ces conditions, mais moi, ça me booste."

"Pas tous les jours qu'on vit quelque chose comme ça"

Formé dans les ambiances très hostiles des rencontres entre universités américaines, Ben Shelton ne craint pas lui non plus d’être chahuté à Roland-Garros, au contraire, cela aurait plutôt tendance à le galvaniser. "Honnêtement, cela me motive, car à chaque fois que nous commettons une erreur non provoquée, entendre le bruit du public me donne de l'énergie", a assuré l’Américain, qui juge l’ambiance générale "absolument incroyable" malgré tout.

"C'est la première fois que j'assiste à un match où un orchestre joue sur le terrain. J'aime beaucoup ce genre d'ambiance. Aujourd'hui, il y avait une telle énergie positive sur le terrain, c'était fantastique", s’est-il réjoui après sa victoire au premier tour contre le Français Hugo Gaston face auquel il avait fini par prendre le dessus après avoir été bousculé. Tombeur du Français Terence Atmane au 2e tour, l’Autrichien Sebastian Ofner a lui aussi dû faire face à un public acquis à la cause de son adversaire vendredi face à Corentin Moutet.

Mais dans ce bruit constant qui peut épuiser les ressources mentales, le 45e joueur mondial est resté dans sa bulle sans se laisser gagner par la frustration. Il a même réussi le tour de force de se mettre le public dans la poche le temps d’un point qu’il a savouré, recevant en retour les acclamations du Lenglen. "L'ambiance était incroyable, a expliqué l'Autrichien à la fin d'un match qu'il a perdu en quatre sets. Ça l'a un peu poussé mais ça ne m'a pas perturbé. J'ai plutôt apprécié, ce n'est pas tous les jours qu'on vit quelque chose comme ça."

Article original publié sur RMC Sport