Robotique : troublantes rencontres dans la vallée de l'étrange

Face à un robot plus ou moins anthropomorphe, nous pouvons ressentir un certain malaise.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°210 daté juillet/ septembre 2022.

Au dernier CES (Consumer Electronic Show), le salon mondial du numérique qui s'est tenu à Las Vegas du 5 au 7 janvier 2022, la vedette était un robot humanoïde nommé Ameca. Mouvements des bras, visage expressif, conversation nourrie à l'intelligence artificielle… On le prendrait presque pour un humain. Quelques années plus tôt, déjà, le roboticien japonais Hiroshi Ishiguro avait créé l'événement en présentant son "double" quasi-parfait.

Une dissonance cognitive

Dans un cas comme dans l'autre, pourtant, un je-ne-sais-quoi semble clocher. Face à un objet - robot, poupée ou prothèse - plus ou moins anthropomorphe, on peut en effet ressentir un certain malaise. "Quelque chose nous dit de façon troublante que ce n'est pas un humain", résume Bertrand Tondu, chercheur en robotique au Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (Laas-CNRS) à Toulouse. Une dissonance cognitive connue sous le nom de "vallée de l'étrange", théorisée par le Japonais Masahiro Mori dans les années 1970, bien avant les premières créations humanoïdes.

Il a représenté le phénomène sous la forme d'une courbe : plus un robot est réaliste, plus notre "sympathie" à son égard augmente… jusqu'à un certain degré de ressemblance. La courbe s'effondre alors brutalement : nous entrons dans "la vallée de l'étrange". "Selon Mori, nous pouvons éprouver la même répulsion que face à un cadavre - si le robot humanoïde ne bouge pas - ou à un zombie, s'il est en mouvement", précise le chercheur.

La courbe de sympathie remonte ensuite jusqu'à atteindre son maximum face à un hypothétique robot qui serait identique en tout point à un être humain. Quelle est la cause de ce phénomène surprenant ? "Cela pourrait être un possible trait évolutif lié à la survie de l'espèce. Savoir reconnaître ses semblables dans les moindres détails permet d'éviter certains dangers…", avance Bertrand Tondu.

"L'hyperréalisme[...]

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