Quand Robert Badinter aidait François Mitterrand à affronter Valéry Giscard d'Estaing

Robert Badinter, président du Conseil constitutionnel, et Francois Mitterrand, président de la République, lors d'une réception en l'honneur des membres du Conseil constitutionnel à l'Élysée, le 22 juin 1987.  - Credit:LE SEGRETAIN/SIPA / SIPA / LE SEGRETAIN/SIPA
Robert Badinter, président du Conseil constitutionnel, et Francois Mitterrand, président de la République, lors d'une réception en l'honneur des membres du Conseil constitutionnel à l'Élysée, le 22 juin 1987. - Credit:LE SEGRETAIN/SIPA / SIPA / LE SEGRETAIN/SIPA

Le 5 mai 1981, dans la matinée. Branle-bas de combat du côté socialiste où l'on prépare dans la fièvre le débat télévisuel de l'entre-deux-tours de la présidentielle. Celui de 1974 a été un fiasco, Mitterrand redoute un nouvel échec face aux « yeux noirs » de la caméra qu'il exècre. Il fait venir Badinter pour dialoguer avec le réalisateur Serge Moati, qui le conseille. Selon une confidence de Mitterrand lui-même, celui-ci avait deux proches amis avocats, Badinter pour le droit, Dumas pour le tordu.

« Il fallait imposer des règles au clan d'en face afin que Mitterrand soit à son aise, se souvient Serge Moati. Par exemple, réduire la distance entre les deux candidats à 1,70 m pour pouvoir faire des gros plans sur lui et montrer qu'il savait écouter. Je voulais aussi éviter les plans de coupe. » Badinter interroge d'abord Moati, qui est l'homme de terrain, du métier, « le technicien malin ». « “Raconte-moi ce que tu ressens, comment tu vois les choses”, me demande-t-il. Je lui explique, très impressionné, Badinter était intimidant, grave. Il m'écoute attentivement, puis traduit en langage d'avocat les règles qui vont être transmises au camp d'en face et qui vont toutes être acceptées. Évidemment, les règles, c'était son terrain. Le débat s'est joué là, les deux candidats avaient des chances égales. »

Joie contenue de François Mitterrand

À la fin de la matinée, le clan Giscard, dirigé par Jean-Philippe Lecat, dit donc oui au cahier des charges rédigé en beau lan [...] Lire la suite