Richard Yates, le rêve américain, suite et fin

Richard Yates, un maître de la littérature américaine encore trop méconnu. - Credit:©Jerry BAUER/opale.photo
Richard Yates, un maître de la littérature américaine encore trop méconnu. - Credit:©Jerry BAUER/opale.photo

L'Amérique en voudrait-elle à Richard Yates (1926-1992) d'avoir si justement décrit ses rêves brisés ? Soutenus par Tennessee Williams et Dorothy Parker, cités comme sources d'inspiration par Raymond Carver et Richard Ford, ses livres se vendent mal de son vivant et disparaissent même des librairies à sa mort. Il faudra attendre 2008 et l'adaptation au cinéma par Sam Mendes de son premier roman, La Fenêtre panoramique, sous le titre Les Noces rebelles, avec Kate Winslet et Leonardo DiCaprio en couple à bout de souffle, pour que son œuvre bénéficie d'une reconnaissance encore trop timide. Car peu d'écrivains ont exprimé, comme Richard Yates a su le faire, le désarroi de la classe moyenne américaine des fifties, les ambitions déçues de jeunes hommes fraîchement démobilisés – comme Yates, à 20 ans –, noyant les traumatismes de la guerre dans les mirages du consumérisme.

Le héros de Jeunes Cœurs éprouvés, Michael Davenport, est l'un d'entre eux. Ancien combattant, à 23 ans, il refuse de revivre dans son couple l'humiliation qu'il a vécue dans l'armée. Ainsi lorsque Lucy, sa fiancée, héritière de quelques millions, lui propose de prendre en charge les dépenses du ménage pour qu'il puisse se consacrer à l'écriture, Michael préfère-t-il prêter sa plume à L'Ère des grandes chaînes de magasins, un journal d'entreprise. « Quand il rentrait à la maison, il avait terriblement besoin de boire un verre ou deux, et ne pouvait même plus espérer s'enfermer avec son manuscri [...] Lire la suite