Yahoo Actualités Riad Sattouf sort "Histoires de mes 18 ans", le dernier tome des Cahiers d'Esther
Fin des Cahiers d'Esther, la BD de Riad Sattouf qui raconte la vie d'une enfant puis d'une ado année après année: la jeune fille est devenue majeure et l'auteur fait paraître son dernier livre chez l'éditeur qui a vu sa notoriété exploser.
Ce tome 9 publié jeudi, sous-titré Histoires de mes 18 ans, évoque l'année de terminale, celle de Parcoursup et du baccalauréat. Esther ira à l'université. Elle a fêté dignement son passage à l'âge adulte.
Pour le Franco-Syrien de 46 ans, auteur de la saga autobiographique L'Arabe du futur, c'est la fin de dix ans de collaboration avec les éditions Allary. "Je ne suis pas nostalgique", prévient dans un entretien avec l'AFP ce dessinateur qui a des raisons de ne pas l'être.
Une formidable aventure
Il a créé en 2021 sa propre maison d'édition, Les Livres du futur, où il reprend beaucoup de recettes qui lui ont réussi jusqu'ici: papier et impression de qualité, aplats de blanc et de couleurs unies.
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Au moment où il la quitte, la maison fondée par Guillaume Allary se porte bien. Elle a gardé son indépendance dans un secteur en voie de concentration. Et son catalogue, avec des auteurs comme le philosophe Charles Pépin ou le journaliste Alexandre Lacroix, a du succès.
"Ce dernier tome clôt une formidable aventure, donc il y a une forme de nostalgie bien sûr, mais cette fin annoncée fait partie du charme et de la force de cette série", expliquait Guillaume Allary mardi à Livres Hebdo.
Page hebdomadaire
Les Cahiers d'Esther durent depuis 2015 dans Le Nouvel Obs. Le magazine avait commandé à Riad Sattouf une page hebdomadaire. Et le dessinateur avait décidé de la consacrer aux aventures d'une fille de ses amies, écolière à l'époque.
Il ne pouvait pas prévoir que cela marcherait assez pour une adaptation à la télévision, puis que des morceaux de cette série animé cartonneraient sur un réseau social... qui n'existait même pas encore.
"Les ados s'y sont intéressés à cause du phénomène sur TikTok. Il y a eu une série animée créée pour Canal+, qui a eu un succès relatif. Trois ans après, elle a été reprise sur TikTok, un peu en pirate, et elle a fait des centaines de millions de vues!", s'étonne-t-il.
La fillette a traversé les affres de l'adolescence sans trop de drames. Les lecteurs ont suivi. "Ce qui me plaisait avec cette jeune fille entre guillemets sans histoire, c'est-à-dire ni belle ni moins belle, ni riche ni pauvre, ni ultrabrillante ni à problèmes, c'est qu'elle était un personnage en opposition avec le mien dans L'Arabe du futur, sa famille dysfonctionnelle, entre deux origines", explique Riad Sattouf.
"Célèbre sans être connue"
Avec cette fille sensible qui observe ses congénères avec beaucoup de justesse, a-t-il eu de la chance? Pour répondre, Riad Sattouf cite Louis-Ferdinand Céline qui clamait, pour affirmer que seul compte le style: "Des histoires il y en a plein la rue. (...) Tout le monde a une histoire, mille histoires".
"Ce que je dis n'est pas modeste, pardon, mais je pense que c'est la façon de raconter qui rend l'histoire intéressante", précise-t-il d'emblée. "Et je n'avais pas peur qu'Esther devienne plus ou moins intéressante, parce que j'ai l'impression que je pourrais écrire une BD sur n'importe qui. Toutes les vies sont intéressantes, selon l'angle sous lequel on les regarde".
Dans le dernier tome, surprise: Esther découvre qu'elle a des racines dans un pays arabe. D'une manière plus lointaine que Riad Sattouf, au point où elle l'a longtemps ignoré.
Esther n'est pas le premier prénom de cette jeune femme "célèbre sans être connue", relève-t-il: "J'ai mis le personnage à distance d'elle pour la protéger. Elle ne peut pas dire que c'est toute sa vie qui est racontée".
Il a déjà la suite en tête, a-t-il révélé au Parisien: "J'ai un nouveau roman graphique qui va sortir le 8 octobre, une nouvelle série. Mais je n’en dirai pas plus, c’est top secret!" En attendant, il publie "ce mois-ci", le deuxième tome du Jeune Acteur, sa biographie en BD de Vincent Lacoste, qu'il avait révélé dans Les Beaux gosses.
