Réforme des retraites: les moments marquants de la deuxième semaine de débats à l'Assemblée

Ils ont débattu article après article, amendement après amendement. Les députés viennent d'achever l'examen en première lecture d'une partie du projet de réforme des retraites du gouvernement. Après une première semaine marquée par de nombreuses tensions, cette nouvelle salve de sessions à l'hémicycle n'a pas été moins rythmée, entre le ministre du Travail qualifié d'"assassin" par un député LFI, le rejet de l'article 2 du projet, ou encore la motion de censure déposée par le RN.

BFMTV.com fait le point sur les moments marquants de la semaine qui vient de s'achever à l'Assemblée nationale.

• Olivier Dussopt sous la pression et les "insultes"

La semaine de débats a commencé par des accusations qui ont vivement fait réagir. Le député LFI Aurélien Saintoul a accusé lundi le ministre du Travail Olivier Dussopt d'être un "imposteur" et un "assassin". Juste avant, le député insoumis a reproché au ministre d''avoir "menti" sur le nombre de morts au travail, l'accusant également de "félonie". Des cris ont retentis dans l'hémicycle et le vice-président de l'Assemblée a prononcé une suspension de séance.

Elle a repris près de trente minutes plus tard avec des applaudissements à l'égard du ministre. Plusieurs députés, dont Aurore Bergé (Renaissance), Olivier Faure (PS), Cyrielle Chatelain (EELV) ou encore André Chassaigne (PCF), ont dénoncé les propos d'Aurélien Saintoul, certains lui demandant des excuses.

Le député LFI a finalement "adressé ses excuses publiques" au ministre du Travail et reconnu avoir "commis une erreur". Olivier Dussopt a dit les avoir "entendues" mais a estimé "qu'être traité d'assassin ne se pardonne pas". Aurélien Saintoul a été sanctionné d'un rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal, soit le retrait d'un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois.

Le ministre du Travail est intervenu une dernière fois avant que les débats en première lecture sur le projet de réforme des retraites ne prennent fin à l'Assemblée, en s'emportant contre les députés insoumis. "Mesdames et messieurs les députés LFI. Vous m’avez insulté 15 jours. Personne n’a craqué, nous sommes là devant vous pour la réforme", a-t-il lancé, la voix éraillée.

• Divisions sur la stratégie au sein de la Nupes

Après qu'Élisabeth Borne a demandé lundi soir, dans une déclaration à la presse, le "retrait" des amendements d'"obstruction" et que "les débats se tiennent sur le fond et non pas dans l'invective", la coalition de gauche Nupes a annoncé retirer "un millier d'amendements" pour avancer dans l'examen de la réforme des retraites.

En effet, plus de 20.000 amendements au projet de loi avaient été déposés par les différents partis, un nombre conséquent rendant difficile l'examen complet du texte de loi avant son transfert vers le Sénat.

Sandrine Rousseau (EELV) a justifié ce premier retrait d'amendements, expliquant vouloir accélérer les débats sur l'article 2, traitant de la création d'un index senior, mais aussi de passer à l'article 3, sur le financement du système de retraites.

Mercredi soir, alors que les débats s'éternisent sur l'article 3 de la réforme portant sur le financement du système de retraites, la Nupes a de nouveau décidé de retirer de très nombreux amendements. Selon les informations de BFMTV, ce sont près de 3000 amendements étaient concernés. Le PS a indiqué avoir retiré "90%" des leurs jusqu'à l'article 7, quand dans l'hémicycle, Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste, a affirmé que les députés EELV avaient "déjà retiré plus de 400 amendements." Jeudi matin, ce sont les députés communistes qui ont annoncé retirer quelques 350 amendements.

Mais ces retraits n'ont pas suffit pour examiner l'article 7 qui repousse l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Des élus EELV et socialistes ont critiqué vendredi la tactique de la France insoumise, les écologistes parlant même de "raté stratégique" puis de "désaccord".

• 43 ou 44 ans? L'opposition demande des précisions sur les carrières longues

"Est-ce qu'on peut avoir une réponse?" Interrogé par plus d'une dizaine de députés sur les précisions de son amendement sur les carrières longues et les 43 annuités au cœur des débats depuis plusieurs jours, Olivier Dussopt a laissé l'Assemblée nationale dans une certaine confusion vendredi soir.

Dans un premier temps, le ministre n'a pas franchement affirmé que le gouvernement avait déposé le même amendement qu'Aurélien Pradié, selon lequel toutes les carrières longues pouvaient partir à la retraite après 43 annuités.

L'absence de réponse, puis le manque de clarté ont agacé l'ensemble des oppositions, jusqu'à l'extrême droite où le porte-parole du groupe RN à l'Assemblée Thomas Ménagé a de nouveau demandé des précisions, dénonçant "15 jours de mensonges".

Olivier Dussopt a fini par répondre que son amendement était "exactement le même que celui déposé par Aurélien Pradié". Le ministre a alors avancé qu’il n’y aurait "aucune exigence de durée d’affiliation au régime supérieure à 43 ans" pour les "carrières longues". "Vous êtes donc pleinement satisfait", a encore prétendu le ministre du Travail avant d'être de nouveau interpellé sur les 10 milliards d'euros que devait initialement coûter cet amendement, selon le gouvernement.

• Les députés rejettent l'article 2 du projet de réforme

Le retrait d'une partie des amendements de la Nupes a porté ses fruits et permis aux députés de se prononcer mardi soir sur l'article 2 du projet de loi. Et coup de théâtre, après des heures de débats, les députés ont rejeté cet article, avec 203 votes pour et 256 votes contre.

Un revers important pour le gouvernement et la majorité présidentielle, salué par les oppositions qui ont applaudi à l'annonce du résultat du vote et entonné le chant "On est là" associé aux Gilets jaunes. Une attitude jugée "inacceptable" par la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, mais répétée par les députés LFI vendredi à la fin de la session.

L'index seniors avait pour objectif d'améliorer la place des salariés en fin de carrière dans les entreprises. Un dispositif qui ressemblait plus, selon les oppositions, à "une coquille vide" ou à une "usine à gaz".

• La motion de censure du RN largement rejetée

Marine Le Pen a annoncé mercredi avoir déposé une motion de censure contre le projet de réforme. Une décision que la présidente du groupe RN a justifiée par le manque de temps mis à disposition des députés pour examiner le texte et ses milliers d'amendements.

Par le biais de cette motion de censure, qui met en cause la responsabilité du gouvernement, Marine Le Pen a expliqué vouloir "faire un référendum parlementaire pour ou contre la réforme des retraites".

Elle a indiqué sur BFMTV espérer que la motion soit votée par les députés de la Nupes et leur a également demandé de retirer leurs nombreux amendements. Mais plusieurs membres de la coalition de gauche ont directement fait savoir qu'ils ne la voteraient pas, comme Sandrine Rousseau et Olivier Faure.

Le député du RN Sébastien Chénu a par ailleurs indiqué mercredi soir sur BFMTV que si la Nupes venait à en déposer une, son parti la voterait "évidemment".

Un coup de poker perdant. La motion de censure a été très largement rejetée. Seulement 89 députés ont voté pour, alors qu'un minimum de 287 voix était nécessaire.

Article original publié sur BFMTV.com