Retraite à 65 ans: le macroniste François Patriat la justifie par les "exosquelettes des déménageurs"

Pour défendre l'allongement de l'âge de départ à la retraite, le patron des sénateurs Renaissance juge que "la nature" des travaux pénibles "n'est plus la même" qu'il y a "40 ans". Critiqué par des élus des oppositions, il reconnaît auprès de BFMTV.com avoir "un peu forcé le trait".

Un argument qui peut étonner. Alors qu'Emmanuel Macron a décalé la présentation de la réforme des retraites au 10 janvier prochain, François Patriat veut convaincre de la nécessité d'allonger l'âge de départ à 65 ans. Pour expliquer son positionnement, le patron des sénateurs macronistes rappelle d'abord avoir voté la retraite à 60 ans en 1981, avançant qu'il "y a 40 ans, les temps n'étaient pas ceux d'aujourd'hui".

"Mon voisin à l’époque, dans mon village, qui était maçon-couvreur et qui montait sur les toits me disait: 'je n’en peux plus de monter sur les toits comme ça'", a lancé le parlementaire sur Public Sénat ce lundi. "Aujourd’hui, la nature du travail n’est pas la même."

Un exosquelette est un appareil mécanique externe qui permet une articulation artificielle. Motorisé ou non, il prend la forme d’une prothèse externe pour permettre à l’utilisateur de réduire la charge physique et des risques de troubles musculosquelettiques.

Pour l'instant, seule Hilti, une entreprise de technologie médicale, a commercialisé un exosquelette grand public à destination des plombiers et des électriciens, d'après la publication spécialisée des travaux publics Batiweb.

"Non, ce n'est pas une blague"

La démonstration de François Patriat pour faire passer l'âge de départ à la retraite de 62 ans à 65 ans n'a en tout pas convaincu le député Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy.

"Non ce n’est pas une blague! Le patron des macronistes au Sénat défend la retraite à 65 ans car les ouvriers et artisans auraient des 'exosquelettes' pour les protéger de la pénibilité", écrit-il.

"Ces oligarques vivent dans un monde parallèle. Le RN bloquera cette réforme inhumaine", ajoute encore le député.

Même son de cloche du côté du côté du député insoumis Bastien Lachaud qui propose sur le ton de l'ironie à François Patriat d'aller "s'embaucher comme maçon après la fin de son mandat au Sénat" sur son compte Twitter.

"J'ai un peu forcé le trait", avance François Patriat

Pour l'instant, seule la majorité présidentielle défend la réforme des retraites qui devrait être présentée en conseil des ministres en janvier prochain. Les Républicains, le RN et la Nupes ont déjà fait savoir leur vive opposition. Élisabeth Borne recevra tous les groupes parlementaires ce mardi et ce mercredi pour tenter de les convaincre.

Contacté par BFMTV.com, le patron des sénateurs macronistes explique avoir "voulu provoqué à l'extrême".

"J'ai un peu forcé le trait mais c'était pour montrer que des travaux difficiles, il y en a de moins en moins. On ne déménage plus par les escaliers mais par les balcons aujourd'hui", juge encore cet intime d'Emmanuel Macron.

"J'entends parler de la souffrance au travail pour des gens qui sont en télétravail. Bientôt, il ne faudra plus travailler", avance encore François Patriat. Les troubles musculosquelettiques représentent la première cause de maladies professionnelles dans le secteur du BTP, d'après Santé publique France.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Les annonces de la réforme des retraites reportées au 10 janvier