Retrait du projet de loi, nouveau référendum... Quelles solutions pour sortir de la crise en Nouvelle-Calédonie?

Le projet de révision constitutionnelle portant sur la modification du corps électoral pour les élections en Nouvelle-Calédonie attisait toujours les violences, ce dimanche 19 mai. Depuis sept jours, l'archipel du Pacifique sud est confronté à des incendies, des affrontements et des barrages. Une colère qui a eu pour conséquence la mort de six personnes. Plusieurs solutions émergent du monde politique pour résoudre cette crise.

· Retrait du projet de loi

Mercredi 15 mai, quelques heures après le vote du projet de révision constitutionnelle à l'Assemblée nationale, plusieurs voix se sont élevées à gauche, notamment du côté des Insoumis, pour appeler à retirer le texte.

"Consternation", a écrit Alexis Corbière, député LFI de la Seine-Saint-Denis, aux premières heures de la journée mercredi, sur X. "Hier soir, avec mes camarades du groupe LFI, nous avons demandé en vain le retrait du texte sur la Nouvelle-Calédonie. J'avais prévenu que nul ne peut ignorer que s'il est adopté, ce texte mettra l'archipel dans une tension où l'irréparable risque d'avoir lieu", a-t-il assuré.

Éric Coquerel, également député LFI, a lui aussi appelé l'exécutif à "retirer en urgence ce texte", dont il a qualifié le vote de "passage en force". Jean-Luc Mélenchon a, de son côté, exhorté Emmanuel Macron à "faire les gestes qui apaisent".

Un point de vue partagé par les sénateurs communistes, ou encore par les parlementaires socialistes. Samedi, le porte-parole de députés PS Arthur Delaporte a ainsi publié un communiqué demandant le retrait de la loi, étant donné que "la majorité pour faire adopter le texte en Congrès n'est plus assurée".

Les présidents des régions Réunion, Guadeloupe, Martinique et de la collectivité de Guyane ont de leur côté réclamé le "retrait immédiat" de la réforme décriée, "comme préalable à la reprise d'un dialogue apaisé".

· Report du Congrès

Maintenant que le projet de révision constitutionnelle a été voté, députés et sénateurs sont censés se réunir en Congrès pour valider cette modification de la Constitution. Emmanuel Macron a indiqué souhaiter convoquer le Congrès "avant la fin du mois de juin", sauf si les forces politiques locales, indépendantistes et non-indépendantistes, arrivent à un accord

Plusieurs élus poussent néanmoins pour le repousser. À commencer par Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et membre de Renaissance, qui a estimé lors d'une réunion à Matignon, vendredi 17 mai, que la convocation du Congrès ne permettait pas les conditions du dialogue et de l'apaisement. Sa proposition de "reculer la date" est partagée par le groupe Horizons, tout comme Sacha Houllié, président de la Commission des lois à l'Assemblée.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls a lui aussi appelé ce dimanche sur RTL-M6-Le Figaro-Paris Première à un report du Congrès. "Il vaut mieux reculer sur ce sujet-là aujourd'hui que demain, dans quelques jours, parce qu'il y a davantage de morts", a-t-il précisé

Plus surprenant, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, dont le groupe à l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité le projet de loi, a jugé "irresponsable d'engager cette réforme et ce dégel du corps électoral avant les Jeux olympiques", jeudi 16 mai, après avoir rencontré Gabriel Attal.

Le parti d'extrême droite reste toutefois favorable à ce texte, comme la précisé son vice-président Sébastien Chenu ce dimanche sur BFMTV. "On n'est pas à six mois près", a-t-il jugé pour aller dans le sens d'un report. "Il faut d'abord rétablir l'ordre."

· Un quatrième référendum

Un référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie s'est tenu à trois reprises, en 2018, 2020 et 2021. Si le non l'a emporté à trois reprises, Fabien Roussel, le patron du Parti communiste, s'est prononcé ce dimanche 19 mai pour un quatrième scrutin sur l'indépendance. "Si c'est ce que les habitants décident faisons-le", a-t-il précisé, invité du "Grand rendez-vous CNews-Europe1-Les Echos".

D'autres responsables politiques ont également évoqué cette piste d'un nouveau référendum, dont la leader du RN Marine Le Pen. "Peut-être faut-il un référendum de plus, mais il faut qu'il soit dans 40 ans, pour que l'État accepte d'investir sans prendre le risque de voir ses investissements perdus", a expliqué cette dernière jeudi 16 mai sur France 2.

Article original publié sur BFMTV.com