Le Retour de Mary Poppins : "Ce film doit venir du cœur. Si ce n’est pas le cas, ça ne peut pas fonctionner."

AlloCiné : Il y a environ 4 ans, à l’époque de la sortie de votre précédent film "Into the Woods", vous m’aviez déjà parlé de "Mary Poppins" comme d’une référence. Saviez-vous que vous alliez en réaliser la suite à ce moment-là ?

Rob Marshall : Non, je n’en avais aucune idée. Mais ce que je sais, c’est que le film original est très important pour moi, comme vous pouvez le voir. C’est une part énorme de ma vie. C’est le tout premier film que j’ai vu dans mon enfance, un film que j’ai revu encore et encore tout au long de ma vie. C’est un film si beau. Donc quand on m’a demandé de réaliser la suite, c’était très intimidant pour moi. Je me suis demandé comment je pourrais marcher dans les pas de ce film extraordinaire. Mais très honnêtement, au même moment, je me suis dit que si quelqu’un devait le faire, je voulais être cette personne. Véritablement. Parce que ce film doit venir du cœur. Si ce n’est pas le cas, ça ne peut pas fonctionner. Vous ne pouvez pas vous contenter de faire une espèce de version modérée du premier film, il faut que vous soyez vraiment sincère. Et je l’étais pour ce film.




Parlez-nous de votre collaboration avec Dick Van Dyke, qui interprétait Bert dans le premier film et que l’on retrouve au casting du vôtre...

Le fait de pouvoir travailler avec le héros de mon enfance était un rêve qui devenait réalité. Il compte énormément pour moi, et c’était incroyable de le recevoir dans ce film. Le fait qu’il bénisse notre film de sa présence, le fait qu’il soit encore capable de danser comme ça à l’âge de 91 ans, de monter sur ce bureau et de déclamer ce magnifique monologue, cette splendide histoire qu’il raconte aux enfants… Il le fait avec tant de cœur, c’est un si grand acteur. On finit par se rendre compte qu’il incarne réellement le thème de ce film, le fait de regarder la vie avec émerveillement, la regarder avec des yeux d’enfant. C’est ce qu’il fait. Donc sa présence dans ce film a vraiment été le clou du spectacle, pour moi. 

Qu’en est-il de Richard Sherman, l’un des deux compositeurs du film original qui était également présent cette fois-ci ?

Je dirais que dans un sens, il était notre motivateur. Il a vraiment prêté main-forte pour la magnifique bande originale que Marc Shaiman et Scott Wittman ont écrite. Il nous a beaucoup encouragés, il nous disait qu’on allait dans la bonne direction, il trouvait les paroles intelligentes et la musique très appropriée, très expressive. C’était génial de constater que ces deux incroyables personnes qui avaient travaillé sur le premier film trouvaient que le nôtre était spécial. Le jour où Dick Van Dyke est arrivé sur le plateau pour la première fois, il a pris ma main et il m’a dit : "Je ressens la même atmosphère ici, sur ce film, qu’à l’époque sur le premier." C’était le meilleur compliment qu’on puisse me faire.




Emily Blunt a-t-elle cherché à incarner la même Mary Poppins que celle de Julie Andrew, ou a-t-elle apporté quelque chose de différent au personnage ?

Je pense qu’elle a approché le personnage de façon différente parce que c’est une personne différente. La version de Mary Poppins créée par Julie Andrews est vraiment parfaite, mais je pense que celle d’Emily est parfaite aussi, à sa façon. Elle est revenue aux livres, ils l’ont beaucoup aidée. Nous avons tous les deux trouvé le personnage directement dans les livres. Elle est très excentrique dans les livres, et il y a une vraie dualité chez elle. Elle est très stricte et convenable, mais aussi très enfantine. Elle est très vaniteuse, et en même temps très chaleureuse et drôle. Toutes ces contradictions font d’elle un personnage très mystérieux. Mais Emily Blunt avait tout le talent nécessaire pour exprimer chacune de ces couleurs. C’est pour ça qu’elle si extraordinaire dans le film.

Quelle est la chanson qui compte le plus pour vous dans le film ?

Si je devais en choisir une, je pense que ça serait la chanson "Where the Lost Things Go" (ndlr : en français "Où vont les choses"). C’est une chanson très importante et profonde. Elle aide les enfants du film à comprendre ce qu’est le deuil, la perte, et le fait que rien n’est jamais vraiment perdu. Ils doivent faire face au décès de leur mère. Comment expliquer ça à des enfants ? Mary Poppins le fait d’une manière très poétique et très positive... Elle leur dit que rien ne disparaît jamais vraiment, d’une manière que les enfants peuvent accepter et comprendre. C’est la première chanson que Marc Shaiman et Scott Wittman ont écrite. Et je pense que dans un sens, elle est venue directement de leur cœur.




Quelle est la leçon que vous retiendriez de Mary Poppins après cette expérience ?

Tout est possible, même l’impossible. Dans un sens, ce film nous dit : et pourquoi pas ? Pourquoi n’y aurait-il pas de lumière dans l’obscurité ? Pourquoi n’y aurait-il pas d’espoir dans le monde ? Dans ce monde tellement cynique, pourquoi ne pourrions-nous pas voir les choses de cette façon ? Ce film provoque ça en moi, ce sentiment d’émerveillement et de joie. Pour certains, ça peut sembler trivial, mais pour moi c’est si important, si profond, d’être dirigé par cela, par son cœur, tous les jours. J’espère que ce message pourra rejoindre les gens qui verront le film et qu’ils pourront s’élever au-dessus de leur vie ordinaire, au-dessus de la dure réalité du monde, et découvrir quelque chose d’unique et de magique dans le monde. 

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