Les Restos du Cœur lancent leur 37e campagne, inquiets de "l'aggravation de la précarité"

Centre des Restos du Coeur lors du lancement de la 37e campagne de l'association, le 23 novembre 2021.  - Stéphane de Sakutin / AFP
Centre des Restos du Coeur lors du lancement de la 37e campagne de l'association, le 23 novembre 2021. - Stéphane de Sakutin / AFP

La 37e campagne annuelle des Restos du Coeur s'ouvre ce mardi. L'association alerte sur "l'aggravation de la précarité" des plus démunis provoquée par la crise sanitaire, au moment où l'aide alimentaire n'a jamais été aussi cruciale en France.

La pandémie de Covid-19 a marqué les esprits l'an dernier, avec l'allongement des files d'attente devant les centres de distribution alimentaire. Et la pression ne baisse pas: l'association, créée par Coluche, a aidé 1,2 million de personnes depuis novembre 2020 et distribué 142 millions de repas, contre 136 millions l'année précédente.

La campagne annuelle a officiellement débuté mardi matin dans le XVe arrondissement à Paris, en présence du ministre de la Santé Olivier Véran et de la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de l'engagement Sarah El Haïry.

"Une situation qui se dégrade énormément"

Selon le président de l'association, Patrice Douret, il y a vraiment une "aggravation de la précarité des plus démunis, notamment chez les personnes que nous connaissions déjà". Pour Claude Bougère, responsable du pôle bénévolat des Restos du Coeur interrogée par BFMTV, "ce qui est le plus frappant, c'est que les personnes que l'on rencontre régulièrement ont une situation qui se dégrade énormément".

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Et effectivement, plus que de "fabriquer de nouveaux pauvres", l'épidémie a surtout enfoncé ceux qui étaient déjà fragilisés, selon l'association. Plus de la moitié (53%) de ses bénéficiaires déclarent avoir subi une perte de revenus liée à la crise sanitaire, tandis que 15% avouent qu'elle les a forcés à pousser la porte des Restos.

"La reproduction de la précarité nous préoccupe plus que jamais", poursuit Patrice Douret. D'autant que "aujourd'hui, une personne sur deux accueillie aux Restos a moins de 25 ans et 40% des personnes accueillis sont mineures", détaille Claude Bougère. "On a vraiment peur que la reprise économique suggérée par les indicateurs exclue ces publics les plus précaires", souligne le président de l'association.

Une personne sur dix a recours à l'aide alimentaire

À la veille de l'élection présidentielle, le gouvernement s'est notamment réjoui début novembre d'une estimation provisoire de l'Insee, qui montre que le taux de pauvreté est resté stable en 2020, contrairement à l'explosion redoutée. Ce qui n'empêche pas que "certaines situations de pauvreté se sont aggravées à la faveur de la crise", selon l'institut statistique.

La semaine dernière, le Secours Catholique a sonné l'alarme dans un rapport selon lequel "près de 10% de la population" est contrainte de recourir à l'aide alimentaire. Entre 5 et 7 millions de personnes ont bénéficié de cette aide en 2020, contre 5,5 millions en 2017.

La Fédération des banques alimentaires, qui organise elle sa grande collecte nationale sur trois jours du 26 au 28 novembre, s'inquiète également de "la hausse constante du nombre" de ses bénéficiaires, qui a progressé de 6% en 2020 et continue d'augmenter cette année.

Centres itinérants en milieu rural

Au gré des différents confinements, l'isolement des plus précaires s'est encore accentué. Pour tenter d'enrayer ce phénomène, les Restos du Coeur tentent d'aller chercher tous ceux qui n'osent pas se rendre dans leurs locaux, ou n'en ont pas les moyens.

L'association a ainsi lancé des centres itinérants en milieu rural: elle espère doubler leur nombre et atteindre 60 services mobiles de ce type dans les prochains mois. Ses distributions alimentaires en pleine rue ont également augmenté de 25% depuis deux ans.

"Les personnes retraitées sont souvent isolées et ont du mal à pousser la porte, c'est très difficile d'avoir travaillé toute sa vie et de devoir demander de l'aide alimentaire", explique Claude Bougère sur BFMTV.

Article original publié sur BFMTV.com