Ressusciter des espèces animales éteintes, un projet pas si simple

Ressusciter des espèces éteintes, telle est la promesse affichée par plusieurs entreprises, dont l’américaine The Colossal Sciences. Un projet qui soulève de nombreuses questions.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°215 daté octobre/ décembre 2023.

Alice au Pays des Merveilles ne sera bientôt plus la seule à se vanter d’avoir rencontré un dodo (Raphus cucullatus). Telle est en tout cas la promesse affichée par plusieurs entreprises, dont l’américaine The Colossal Sciences qui a fait de la désextinction son cheval de bataille. Son objectif ? Faire renaître des espèces disparues, parmi lesquelles le dronte de Maurice, donc, exterminé à la fin du 17e siècle, mais aussi le mammouth laineux (Mammuthus primigenius) qui se serait éteint il y a 4 000 ans, ou encore le tigre de Tasmanie (Thylacinus cynocephalus), dont le dernier spécimen est mort en captivité en 1936. Comment ? En appliquant la technique CRISPR-Cas9, ou "ciseaux moléculaires", qui permet notamment de sectionner une séquence ADN à un endroit précis et d’y insérer une séquence de remplacement.

Mère porteuse d'une autre espèce

The Colossal Sciences a ainsi puisé dans les réserves du Victoria Museum de Melbourne et est parvenue, en 2022, à séquencer le génome du thylacine puis celui de son proxy, un marsupial de l’espèce vivante la plus proche, la famille des Dasyuridae. Les chercheurs doivent encore identifier les gènes qui céderont leur place à ceux de feu leur cousin. Ils placeront alors le nouveau noyau cellulaire créé dans une cellule de marsupial contemporain pour développer un embryon à implanter dans l’utérus d’une mère porteuse. Idem pour le volatile mauricien, dont le génome a été obtenu à partir d’un spécimen conservé au Danemark et dont le descendant devrait être couvé par un nicobar à camail.

De nombreuses questions

Pas si simple pourtant. D’abord, parce que dans le puzzle que constitue le génome d’une espèce éteinte, il y a au minimum 5 % de pièces manquantes. Les individus ainsi façonnés seront donc des hybrides, non des copies conformes de leurs aïeux. Ensuite,
parce que cette méthode pose des questions : pourquoi ressusciter une esp[...]

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