Responsabilité de la frappe sur un hôpital de Gaza: pour l'ancien ambassadeur Gérard Araud, "tout le monde a déjà tranché"

Responsabilité de la frappe sur un hôpital de Gaza: pour l'ancien ambassadeur Gérard Araud, "tout le monde a déjà tranché"

Au moins 200 personnes sont mortes ce mardi 17 octobre, selon le Hamas, après qu'une frappe aérienne a touché l'hôpital Ahli Arab à Gaza. Si le groupe terroriste accuse Israël, l'État hébreu impute quant à lui la faute au Jihad islamique. Pour Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël de 2003 à 2006, invité de BFMTV-RMC ce mercredi, "la vérité" n'a au final "pas beaucoup d'importance" car "tout le monde a déjà tranché".

"L'opinion publique favorable au Hamas dit que c'est Israël et celle favorable à Israël dit que c'est le Jihad islamique", analyse l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis de 2014 à 2019, en précisant que "les deux options sont crédibles".

Il ajoute: "Il faut une enquête approfondie" et "équilibrée" pour le savoir.

Les États arabes "sous pression de l'opinion publique"

Les États arabes ont fait entendre leur voix face à ce tragique événement. Le ministère des Affaires étrangères de Jordanie a fait porter à Israël, "la responsabilité de ce grave événement", le Qatar a qualifié la frappe de "massacre", quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, il a appelé à "l'arrêt de cette violence sans précédent à Gaza".

"Je pense que les États arabes de la région sont viscéralement hostiles au Hamas et ils fermeraient les yeux, s'ils n'étaient pas sous pression de l'opinion publique", détaille celui qui a aussi été au Conseil de sécurité auprès des Nations unies à New York de 2009 à 2014. "La population est dans la rue et oblige les gouvernements arabes à prendre beaucoup de précautions, voir à prendre parti contre Israël".

Dans la soirée, plusieurs manifestations ont eu lieu, notamment en Jordanie, en Tunisie, en Iran ou encore en Turquie. Des ambassades israéliennes ou occidentales - comme l'ambassade de France à Tunis en Tunisie - ont été visées.

"Un double standard"

"L'Occident est accusé de faire double standard. De s'être indigné des atrocités commises par le Hamas (les attaques en Israël du 7 octobre, ndlr) et de ne pas réagir aux bombardements israéliens sur Gaza", détaille Gérard Araud.

"On nous accuse, et surtout sur la question palestinienne, d'être les parangons des droits de l'homme seulement chez nos ennemis et de tourner les yeux chez nos amis."

Pour lui, "c'est vrai que nous pratiquons un certain double standard tout en donnant des leçons de morale".

Au vu des récentes attaques qui ont touché la France, à Arras, et la Belgique, à Bruxelles, Gérard Araud estime "qu'il faut s'inquiéter". "Nous avons la première communauté musulmane et juive d'Europe. Ce n'est pas pour rien que nous sommes en alerte maximale", juge-t-il.

Il redoute notamment l'action des "loups solitaires", comme le terroriste de Bruxelles, qui sont de "loin les plus dangereux". "Les images de l'hôpital de Gaza leur donnent, à leurs yeux de fanatiques, toutes les raisons. Ils ne vont pas essayer de savoir qui est coupable, pour eux, c'est évident".

L'ancien diplomate l'affirme: "Nous devons nous aussi, les Européens, mettre un terme le plus rapidement possible à cette horreur".

Article original publié sur BFMTV.com