REPORTAGE. COP15 biodiversité : au Bénin, la défense les dernières forêts tropicales

La forêt tropicale béninoise originelle ne couvre plus que 2% du territoire. Ces lambeaux boisés sont désormais protégés. Et les gestionnaires de l’industrie du bois veulent rendre des espaces à la biodiversité. Un exemple présenté à la COP15 qui se déroule en décembre 2022 à Montréal.

On entre dans la forêt de la Lama comme dans un lieu sacré. Sacré par les Hommes qui s’y refusent désormais à y couper quoi que ce soit. Sacré aussi par les dieux vaudous qui l’habitent. Plus prosaïquement, les écologues de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN) y constatent avec satisfaction la présence d’essences locales comme Afzelia africana, Albizia ferruginea, Dennetia tripelata, Gardenia imperialis, Khaya grandifoliola qui grimpent à plus de 30 mètres de hauteur. Ces espèces témoignent d’un passé pas si lointain où ces plaines du sud du Bénin étaient recouvertes de forêts équatoriales. Aujourd’hui, ces écosystèmes de forêts denses ne représentent plus que 2% de la surface du territoire. "Ca n’ira pas plus bas", souffle Ibrahim Djabarou, capitaine au sein de l’Office national du bois du Bénin (ONAB) et responsable de la plantation de la Lama. Depuis 2017, la loi béninoise interdit toute exploitation et exportation de bois d’œuvre et de charbon de bois provenant des 3.000 reliques de forêts, la plupart sacrées, d’une superficie totale de 18.000 hectares. A elle seule, la Lama couvre 4.000 hectares. Un joyau naturel.

La Lama a, elle aussi, failli disparaître. Elle doit son existence à son implantation sur un sol pauvre qui n’intéresse pas l’agriculture, la principale cause de la disparition des arbres au Bénin. Son seul intérêt, c’était le bois de chauffe et la viande de brousse. Deux espèces de singes, Cercopithecus erythrogaster et Cercopithecus mona et des mammifères comme les phacochères, fournissaient un apport en protéines bon marché pour les populations locales. Et le bois permet de chauffer l'eau et cuire les aliments. "Chacun rentrait dans la forêt et se servait comme il voulait", reconnaît Wagble Bernadin, un agriculteur riverain. Aujourd’hui, il sympathise avec Ibrahim qui pourtant lui interdit de prélever quoique ce soit. "On s’est concerté, on s’est entendu, c’est du gagnant-gagnant", se réjouit le forestier. "Aujourd’hui, on [...]

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