Comment repérer qu'un enfant est victime de harcèlement

Insomnies, repli sur soi, isolement... Certains changements de comportement chez un adolescent sont annonciateurs d'une souffrance pouvant être liée à du harcèlement scolaire.

Le lycée professionnel Cognacq-Jay d'Argenteuil est endeuillé depuis la mort d'Alisha dans la nuit de lundi à mardi. L'adolescente a été violemment battue par deux élèves de sa classe puis jetée dans la Seine. Après avoir avoué les faits à sa mère, le jeune homme et sa petite amie ont été interpellés et placés en garde à vue.

D'après les témoignages recueillis par BFMTV, les relations au sein de ce triangle se sont envenimées avant les dernières vacances scolaires. La mère de la victime, qui semble avoir fait l'objet de harcèlement, explique sur notre antenne:

"Elle m'a dit 'maman j'ai des gros problèmes, j'ai été menacée de mort par ce garçon et cette fille aussi', elle s'est bagarrée avec elle une semaine avant."

· Être attentif aux changements de comportement

Diffusion de photos dénudées sur les réseaux sociaux, rumeurs, affrontements... Le harcèlement scolaire s'ancre comme un problème majeur pour de nombreux élèves. En 2018, l'Unicef estimait que 700.000 d'entre eux en faisaient les frais en France. S'il n'existe pas de "signes évidents" pour identifier les enfants et adolescents harcelés, des "changements de comportement" peuvent être un bon indicateur pour les parents, explique à BFMTV.com Justine Atlan, directrice de l'association e-enfance.

"Si l'enfant à du mal à se lever, qu'il ne veut plus aller à l'école, s'il se renferme, s'il perd le goût à la vie et aux activités qu'il apprécie en temps normal... Tout cela peut vouloir dire que quelque chose ne va pas", précise-t-elle.

· Insomnies, sommatisations, échec scolaire

Le psychothérapeute Benjamin Lubszynski relève lui aussi plusieurs indices pour détecter la souffrance chez les jeunes. "Ce n'est pas systématique mais généralement, on constate une augmentation de l'anxiété et de la sommatisation avec des maux de ventre, de dos, des bouleversements hormonaux", détaille-t-il.

"Il peut également y avoir des insomnies car on est dans la vigilance permanente, surtout dans les cas de cyberharcèlement où l'adolescent est sans cesse tenté de vérifier ce qui se dit sur les réseaux sociaux", poursuit le spécialiste.

Du côté du corps enseignant, l'attention doit se porter sur les résultats scolaires qui peuvent chuter d'un coup ou sur un repli sur soi de l'élève avec un isolement à la récréation ou à la cantine.

A la maison comme à l'école, le changement de comportement est un indice primordial. "Les observations faites des deux côtés sont complémentaires. Les parents peuvent passer à côté de certains signes, idem pour les enseignants. C'est pour cela que le dialogue entre ces deux milieux est fondamental quand un doute commence à naître", souligne la directrice de e-enfance.

· Tenter le dialogue

Justine Atlan comme Benjamin Lubszynski insistent sur un autre aspect: les parents ne doivent pas culpabiliser de ne pas avoir détecté la souffrance liée au harcèlement.

"Quand on est parent, on est très mal placé pour s'en apercevoir, surtout avec les adolescents qui sont généralement peu causants. A l'école, ils peuvent passer des journées tellement dures que quand ils sont chez eux ils font tout pour que ça ne se remarque pas et qu'on ne leur en parle pas", développe le psychothérapeute.

"Les enfants ont peur de dire à leurs parents qu'ils sont victimes de harcèlement. Ils ont honte et ils craignent que les adultes en réfèrent au proviseur et qu'ils fassent ensuite l'objet de représailles", abonde Justine Atlan. Selon elle, si un enfant n'accepte pas de se livrer à la première tentative, il faut lui laisser le temps et lui demander régulièrement si quelque chose ne va pas.

"Souvent, les enfants et adolescents ne saisissent pas la première perche qu'on leur tend mais la question fait son chemin. Au bout d'un moment, ça va porter ses fruits", conclut-elle.

Article original publié sur BFMTV.com

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