Le renseignement espagnol muet sur le scandale du logiciel espion Pegasus

Beaucoup de questions mais peu de réponses lors de l'audition au Parlement européen sur le scandale en Espagne du recours au logiciel espion Pegasus. La présence de la directrice du Centre national espagnol du renseignement (CNI) avait fait naître beaucoup d'espoir. Des espoirs déçus après la rencontre.

Esperanza Casteleiro Llamazares s'est limitée à expliquer le cadre légal espagnol. Elle souligne que presque toutes les informations demandées relèvent de la sécurité nationale.

L'eurodéputée écologiste Saskia Bricmont s'inquiète du fait que certains de ses collègues aient pu faire l'objet de cette surveillance cachée. Or les élus disposent d’une immunité le temps de leur mandat.

"Espionner des eurodéputés est illégal", insiste la parlementaire.

"Nous demandons d'une part que la justice fasse son travail en complète indépendance, d'autre part nous appelons les gouvernements à partager plus d'informations avec la commission d'enquête parce que tous font valoir la sécurité nationale", ajoute-t-elle.

Le scandale en Espagne comporte deux volets. L'un concerne la surveillance du Premier ministre et deux ministres par un pays tiers, il s'agirait selon les sources du Maroc.

L'autre affaire porte sur la surveillance de 65 indépendantistes catalans dont des eurodéputés.

Certains eurodéputés espagnols approuvent toutefois le silence du CNI.

"Ce n'est pas qu'elle ne veut pas, c'est qu'elle ne peut pas. C'est la loi et dans un Etat de droit les règles doivent être respectées", défend Jordi Canas (Renew Europe).

La commission du Parlement européen s'est rendue dans plusieurs pays où le logiciel espion a été employé comme en Hongrie, en Pologne, en Grèce, mais aussi en Israël où se trouve l'entreprise à l'origine de Pegasus. Il n'y a pas encore eu de déplacement en Espagne car certains députés européens freinent la mise en œuvre d'une telle mission.