Rendre les cornes radioactives, la nouvelle idée de ces chercheurs pour sauver les rhinocéros

ANIMAUX - Rendre les cornes de rhinocéros radioactives pour leur bien. Voilà le projet mené par des chercheurs sud-africains, qui ont mis à l’épreuve leur idée lors de tests sur une vingtaine de rhinocéros d’Afrique. Le « projet Rhisotope » a été présenté dans un communiqué de l’université Witwatersrand de Johannesburg le 25 juin dernier.

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Conduit sur trois ans, il avait donc pour but d’insérer du matériel radioactif (des doses de radio-isotopes) dans les cornes de ces animaux alors qu’ils étaient encore en vie. Cette technique doit ainsi aider à rendre les cornes plus faciles à détecter dans des endroits comme les aéroports et les ports, où de nombreux détecteurs de radiations sont déjà en place. De plus, les cornes ne sont plus consommables si elles sont radioactives, or elles sont souvent utilisées comme remède aux propriétés fantasmées.

Alors qu’ils ont frôlé l’extinction, la population des rhinocéros d’Afrique a connu une augmentation grâce aux efforts de conservation. Aujourd’hui la grande majorité de ces animaux vie en Afrique du Sud. Mais ils ne sont pas pour autant sortis d’affaire, toujours très menacés par le braconnage. Au total, 499 rhinocéros ont été chassés et tués dans le pays l’année dernière, et les gardes forestiers qui les protègent sont de plus en plus exposés.

« La marchandise contrefaite la plus précieuse du marché »

Si les braconniers n’hésitent plus à tuer des hommes pour s’emparer des cornes de rhinocéros, c’est en raison de leur valeur. Elles sont très recherchées comme l’explique le professeur James Larkin, directeur de l’unité de radioprotection et de physique de l’université du Witwatersrand :

« Cela a conduit à ce que leurs cornes soient actuellement la marchandise contrefaite la plus précieuse sur le marché noir, avec une valeur plus élevée même que l’or, le platine, les diamants et la cocaïne. Malheureusement, les cornes de rhinocéros jouent un rôle important dans le financement d’une grande variété d’activités criminelles à l’échelle mondiale » .

Heureusement, cette mesure est sans danger pour le rhinocéros. Pour insérer les radio-isotopes, chaque animal (tous issus de la réserve de biosphère de l’UNESCO Waterberg) était placé sous sédatifs. « Chaque insertion a été surveillée de près par des vétérinaires experts et des précautions extrêmes ont été prises pour éviter tout dommage aux animaux », a expliqué Larkin.

L’équipe va maintenant surveiller de près les animaux au cours des six prochains mois, en surveillant leurs statistiques vitales et leur état de santé général. « Cette nouvelle approche lancée par le professeur Larkin et ses collègues a le potentiel d’éradiquer la menace d’extinction de nos espèces sauvages uniques, en particulier en Afrique du Sud et sur le continent », a conclu le professeur Lynn Morris, vice-chancelier adjoint à la recherche et à l’innovation à l’université de Wits. Si tout se passe bien, on espère que la même technique pourra être appliquée à d’autres animaux qui sont la cible du braconnage, comme les éléphants et les pangolins.

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