"Il nous a remonté les bretelles": l'agacement de Macron après les critiques de Bayrou sur la réforme des retraites

Le président a regretté les propos du patron du Modem qui s'inquiète du "passage en force" de la réforme des retraites dans les prochaines semaines. "Arrêtez de parler de la forme et concentrez-vous sur le fond", a tancé le chef de l'État.

Il ne veut plus en entendre parler. Le débat sur la méthode pour faire passer la réforme des retraites -en force ou via le débat parlementaire- agace passablement Emmanuel Macron, qui n'a pas manqué de le faire savoir de manière ferme ce lundi en Conseil des ministres.

"Il nous a remonté les bretelles", avance un participant auprès de BFMTV, décrivant un chef de l'État qui "avait envie de remettre les pendules à l'heure" dans une ambiance "où l'on entendait les mouches voler".

"On n'est pas aux pièces", lance François Bayrou

Dans le viseur du président de la République, le patron du MoDem François Bayrou. Le principal allié de la majorité n'a cessé depuis une dizaine de jours de s'épancher dans la presse, critiquant ouvertement l'Élysée.

Alors que l'exécutif hésite encore autour de la méthode à adopter pour allonger l'âge de départ à la retraite - via un amendement dans le budget de la sécurité sociale ou un projet de loi dédié début 2023 -, François Bayrou a ainsi fait connaître son point de vue.

Il a d'abord craint "le passage en force" dans les colonnes du Parisien, quelques heures avant la nomination du nouveau patron de Renaissance. De quoi agacer la macronie. Avant d'en remettre une couche dimanche dernier lors de la rentrée de son mouvement.

"On n'est pas aux pièces", a-t-il insisté devant ses troupes, avant d'appeler Emmanuel Macron à faire un "pas décisif vers une méthode de réforme plus respectueuse, plus moderne et plus efficace".

"Concentrez-vous sur le fond", lui répond Macron

Si François Bayrou approuve le décalage de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ou 65 ans, c'est bien la méthode qui l'inquiète. En l'absence de majorité absolue, si le gouvernement utilisait le budget de la sécurité sociale pour faire voter cette mesure, il pourrait devoir passer par le 49.3. Le RN et la Nupes ont d'ailleurs déjà fait savoir leur vive opposition à ce procédé.

"Arrêtez de parler de la forme et concentrez-vous sur le fond", a encore tancé le président de la République lors du Conseil des ministres.

"Si on ne respecte pas les promesses, on ne sera plus autour de cette table"

De quoi donner des sueurs froides au ministre Modem de l'Agriculture, Marc Fesneau, "qui ne devait pas se sentir très bien à ce moment-là", avance encore l'une des personnes présentes.

Emmanuel Macron veut à tout prix accélérer sur l'allongement de l'âge de départ à la retraite, dont il a fait l'un des piliers de sa campagne lors de la dernière présidentielle.

"Si on ne respecte pas les promesses qu'on a faites aux Français, on ne sera plus autour de cette table", a encore menacé le président qui tient à garder son image de président réformateur.

"On lave son linge sale en famille"

Ce recadrage en règle sera-t-il suffisant pour convaincre François Bayrou? Dans la majorité, on espère désormais que ses critiques se feront en privé, plutôt que dans les médias. "Ce que le PR a fait, ça en a soulagé certains autour de la table, parce qu’ils n’en peuvent plus de l’attitude de Bayrou. On a l’impression qu’il est passé dans l’opposition", confie un membre de la majorité.

"On lave son linge sale en famille, c'est un principe", poursuit-il.

Les prochains jours devraient montrer si le centriste se fait plus discret. Emmanuel Macron et Élisabeth Borne trancheront ce mercredi la méthode retenue par l'exécutif.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Élisabeth Borne sur les retraites: "L'article 49.3 est un outil à la disposition du gouvernement en cas de situation de blocage"