Remaniement ministériel : Gabriel Attal ministre de l’Éducation nationale, itinéraire d’un surdoué de la politique

POLITIQUE - Il fallait « trouver un os à ronger supplémentaire pour le jeune Gabriel », disait Jean Castex à la sortie du conseil des ministres en juillet 2020. Il vient alors d’être nommé porte-parole du gouvernement et fait savoir qu’il aurait aimé être en plus « délégué du MEN », c’est-à-dire ministre délégué auprès de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque. Trois ans plus tard, c’est par la grande porte que le jeune ministre entre rue de Grenelle. Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes Publics sous la tutelle de Bercy, hérite ce jeudi 20 juillet d’un ministère de poids : l’Éducation nationale, récupérée à Pap Ndiaye.

La mission n’est pas simple : le « Mammouth » comme l’appelait Claude Allègre est l’un des portefeuilles les plus importants du gouvernement. Premier en termes de budget et d’effectifs, avec plus d’un million de personnels en poste à superviser pour quelque 12 millions d’élèves, tous niveaux confondus.

L’ancien de la très élitiste école privée Alsacienne à Paris, épinglé en 2018 pour ses propos sur la « gréviculture » à la SNCF est attendu au tournant, avec une ligne directrice : placer l’autorité au cœur du projet éducatif après les récentes violences urbaines. Il devra aussi trouver sa place face à des profs rompus au syndicalisme et dans un secteur où les difficultés s’amoncellent : harcèlement scolaire, mixité sociale à promouvoir, pénurie de profs, baisse de niveau alors qu’un élève sur dix ne sait pas lire, allers-retours sur la réforme du Bac, voire un éventuel sujet sur l’uniforme, auquel son prédécesseur était opposé, mais sur lequel Gabriel Attal disait souhaiter « un vrai débat » au mois de janvier.

Parcours fulgurant, « impressionnant »

Issu du parti socialiste, Gabriel Attal fait ses armes au ministère de la Santé, sous François Hollande de 2012 à 2017, il est alors l’influent conseiller parlementaire de Marisol Touraine. Élu local à Vanves (Hauts-de-Seine) en 2014, son premier ancrage qu’il n’a jamais quitté, il devient député de la circonscription en 2017. Il reste à l’Assemblée nationale à peine un an, avant son entrée au gouvernement.

À 29 ans, il devient le plus jeune ministre de la Ve République, benjamin du gouvernement. Il occupe alors le secrétariat d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargé du Service National Universel dont il lance les premiers essais. Deux ans plus tard, il passe sous la tutelle du Premier ministre Jean Castex et devient porte-parole du gouvernement. Une conseillère de Jean Castex louait alors régulièrement ses qualités d’orateur et son aisance au poste. « C’est impressionnant », disait-elle aux journalistes. Conscient de son parcours, l’ambitieux confiait à Challenges à la même époque : « Tout ce qui m’arrive est extraordinaire et je n’ai pas peur de perdre des plumes ».

« Je n’ai pas peur de perdre des plumes »

Gabriel Attal confirme avec cette nomination rue de Grenelle son image d’étoile montante de la Macronie. Il succède à d’éminentes personnalités politiques comme Lionel Jospin, Jack Lang, François Fillon ou François Bayrou. Ce dernier prend le poste à 42 ans, en 1993. C’était jeune pour l’époque. Gabriel Attal n’en a que 34 et devient le plus jeune ministre de l’Éducation nationale de la Ve République. Un nouveau record pour ce boulimique de la politique qui n’a pas dit son dernier mot.

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