Remaniement: les associations de protection de l'enfance inquiètes

L'hôtel de Matignon. - Kenzo Tribouillard
L'hôtel de Matignon. - Kenzo Tribouillard

La protection de l'enfance, la grande oubliée du nouveau gouvernement? C'est ce que redoutent les associations après l'annonce de la composition du gouvernement. Elles attendent désormais un signal positif avec le maintien du secrétariat d'Etat en charge de la protection de l'enfance.

"Nous regrettons que l'on ait raté l'occasion de mettre en place un grand ministère de la famille", déplore auprès de BFMTV.com Yves Crespin, l'avocat de l'association L'enfant bleu.

"Vraie politique de protection"

A l'annonce du remaniement, un grand ministère de la Famille avait un temps été imaginé avec à sa tête Marlène Schiappa. "Je souhaite faire plus, porter davantage de choses", expliquait d'ailleurs la principale intéressée début juin dans Le Parisien. Mais lundi soir, l'ancienne secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes a été nommée ministre déléguée à la Citoyenneté.

"Après une période de confinement avec un accroissement des violences contre les enfants, qui a été révélatrice des violences faites aux femmes, nous aurions espéré une vraie politique de la protection de l'enfance", poursuit Yves Crespin.

Pendant la période de confinement, 36% de plaintes supplémentaires liées aux violences conjugales ont été enregistrées, la plateforme dédiée a reçu cinq fois plus de signalements qu'en temps normal. Lors de la première semaine de confinement, le système de tchats a reçu 217 messages, dont 99 pour des violences conjugales ou intrafamiliales. La semaine suivante, ce chiffre a augmenté de 65%.

Craintes autour de la nomination d'Eric Dupond-Moretti

L'avocat de L'enfant bleu espère désormais que le secrétariat d'Etat à la protection de l'enfance soit maintenu lors de l'annonce des futurs secrétariats d'Etat dans les prochains jours. "Sinon, ce serait réellement un mauvais signal", ajoute-t-il saluant "le bon travail" réalisé depuis l'arrivée en fonction d'Adrien Taquet, l'actuel secrétaire d'Etat, notamment sur les mesures pour alerter et informer les enfants.

La nomination d'Eric Dupond-Moretti au ministère de la Justice suscite également des inquiétudes. Il y a quelques jours sur France Info, il dénonçait la place accordée aux victimes dans les tribunaux. "Pendant des années, les victimes ont été totalement négligées. Aujourd’hui, elles ne sont plus négligées, mais on rend parfois des décisions de justice sous ce qu’on a appelé la dictature de l’émotion", expliquait-il.

"C'est un très mauvais signal, consent Me Yves Crespin. Il n'a cessé de vilipender les associations de victimes en disant qu'elles n'ont pas leur place dans les procès. Quand il était avocat, il avait un discours anti-victimes."

Article original publié sur BFMTV.com