Raquel Garrido mise au ban de LFI, tout comprendre à l’affaire qui agite la France insoumise
POLITIQUE - Trop insoumise. La députée LFI Raquel Garrido ne pourra « plus être oratrice » au nom du groupe la France insoumise à l’Assemblée nationale « dans les travaux parlementaires pour une durée de quatre mois », a annoncé le bureau du groupe dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 novembre. Celle qui s’est dite « humiliée » par cette décision, sera privée de parole lors des Questions au gouvernement par exemple, ou des votes des motions de censure.
Raquel Garrido répond à Jean-Luc Mélenchon qui l’accuse de vouloir « tuer le père »
Concrètement, il est reproché à la députée de Seine-Saint-Denis, qui a récemment accusé Jean-Luc Mélenchon de « nuire » au mouvement, d’avoir porté atteinte « au bon fonctionnement collectif ». Notamment au travers de « la diffusion de fausses informations » ou « la mise en cause et le dénigrement ad hominem de plusieurs membres du groupe ».
Ce nouvel épisode de tensions vient mettre en lumière les divergences chez LFI entre « le clan » constitué autour du chef, pour reprendre le mot de Clémentine Autain et les simili-frondeurs.
Le groupe de frondeurs réagit
En ce sens, et au-delà des messages amusés ou choqués de la Macronie, les réactions à la décision des insoumis sont éclairantes. Des élus LFI qui prennent la parole, tous ont un point commun : ils font partie de la poignée de parlementaires expérimentés, souvent élus depuis 2017, à avoir déjà formulé des critiques à l’égard de Jean-Luc Mélenchon ou de la stratégie du mouvement insoumis. Ils sont ceux, aussi, qui ont été écartés de la direction du mouvement à l’hiver 2022.
Danielle Simonnet, par exemple, a été la première à dire sa « honte » sur les réseaux sociaux face à cette décision du bureau. D’autres ont suivi, comme Clémentine Autain qui n’a pas mâché ses mots sur France Inter ce mardi matin. « Atterrée » par la sanction infligée à sa collègue, elle juge que « le parti ne se renforce pas en s’épurant ».
« La logique qui sous-tend tout cela, c’est l’idée que le clan irait avant le mouvement », avance Clémentine Autain dans une référence directe à Jean-Luc Mélenchon et à ses proches, lesquels bénéficieraient d’un « deux poids deux mesures » dans les sanctions. L’insoumise n’a d’ailleurs pas hésité à nommer Danièle Obono « qui a pu tenir des propos sur le Hamas qui ne sont pas en correspondance avec la position du groupe ». Ou des déclarations polémiques rapportées de Sophia Chikirou qui n’ont été suivies ni de décisions, ni d’auditions.
Le « clan » serre les rangs
Dans la foulée de cette interview offensive, François Ruffin a ainsi réclamé la « grille tarifaire » des sanctions en cas de « divergences politiques ». « Raquel Garrido est en désaccord sur l’absence de démocratie dans la France insoumise. Et comment notre mouvement, qui prône la VIe République, lui répond ? Non par un débat, mais par une sanction », souligne l’élu de la Somme, souvent cité comme un potentiel candidat en 2027, en demandant à la direction des insoumis « pourquoi quatre mois et pas deux, ou six ? Quel obscur alinéa de quel règlement inconnu décide de cela ? » Ambiance.
Face à eux, l’équipe dirigeante de la France insoumise serre les rangs et se défend de toute intention de purge. Mathilde Panot, la présidente du groupe s’est même « insurgée », mardi, contre la défense de la députée sanctionnée, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.
« Il est faux de dire que madame Garrido aurait été sanctionnée pour avoir critiqué ou juste exprimé ses idées », a-t-elle ainsi lancé, reprenant mot pour mot l’argumentaire du communiqué de la direction publié cette nuit. Il est faux aussi, pour la cheffe des députés LFI, de dire que la sanction prise à son égard est similaire à celle prononcée contre Adrien Quatennens au printemps 2022. Le député du Nord avait été exclu du groupe pour quatre mois après avoir reconnu des violences conjugales.
Si ce n’est pas le cas de Raquel Garrido, qui perd simplement son statut « d’oratrice » et son droit à la parole au nom de LFI, nombreux sont les messages de soutien à faire le rapprochement en fonction de la durée de la sanction. « Symboliquement, c’est malheureux », a ainsi lancé Clémentine Autain sur France Inter.
« 4 mois. Le symbole est terrible… Et encore je ne parle pas du reste », ajoute la cheffe des écolos Marine Tondelier. Ou le rappel d’un épisode qui fut le point de départ de la fronde interne chez LFI. Et d’une fracture qui dure.
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