Comme Rafael Nadal, votre âge fait baisser vos performances sportives ? Ce coach a des solutions

« Si ce qu’on recherche, c’est le dépassement de soi, alors il faut essayer de voir ces nouvelles limites comme une opportunité de progresser » explique Pierre Brelle, coach sportif
ALAIN JOCARD / AFP « Si ce qu’on recherche, c’est le dépassement de soi, alors il faut essayer de voir ces nouvelles limites comme une opportunité de progresser » explique Pierre Brelle, coach sportif

SPORT - Une douleur au genou, une contracture musculaire qui ne passe pas… C’est inévitable : le corps humain change avec l’âge et, quand il s’agit de performances sportives, le temps peut être cruel. Entre difficultés de récupération et risques accrus de blessures, les sportifs sont nombreux à ressentir de la frustration quand l’âge rattrape leurs capacités physiques. Un sentiment qu’on imagine partagé par Rafael Nadal, légende du tennis éliminée au premier tour de Roland Garros à 38 ans, après deux ans de blessures.

Passer sa journée assis a des risques pour la santé, comment les éviter quand on n’a pas le choix ?

Même sans avoir squatté les podiums pendant toute sa carrière, comment faire pour continuer à aimer son sport quand on sent sa progression limitée par l’âge ? Réponse avec un coach sportif.

Des douleurs plus fréquentes et une souplesse qui décline

« Tout varie en fonction de la pratique sportive et de l’hygiène de vie mais en général, entre 30 et 35 ans, on commence à voir un déclin chez les sportifs » explique Pierre Brelle, éducateur et coach sportif interrogé par Le HuffPost. Un constat corroboré par la science : comme l’indique le New York Times, à partir de la trentaine, le corps humain perd entre 3 et 8 % de masse musculaire par décennie, un phénomène qui s’accélère après 60 ans. La densité des os décline aussi à partir de la quarantaine, ce qui crée des risques de fractures et d’ostéoporose. Quant aux capacités du cœur et des poumons à transformer l’oxygène en énergie, elles baissent également. Quand on a pratiqué un sport toute sa vie, parfois à un niveau compétitif, les conséquences de ces changements se remarquent rapidement.

« On constate que les douleurs musculaires augmentent pendant la récupération, explique le coach, qui travaille notamment avec des équipes de baseball en loisir et en haut niveau. Ce n’est pas forcément la puissance qui décline chez les joueurs et joueuses, mais la répétition des gestes d’intensité devient plus difficile, le temps de récupération nécessaire augmente. Selon les sports, on peut constater des douleurs articulaires, voire des ligaments ou des tendons abîmés par la répétition de certains gestes… » Il mentionne aussi une souplesse qui décroît, et augmente ainsi le risque de blessures.

Autant de situations qu’il croise souvent dans son métier, notamment auprès de sportifs qui ont pratiqué le même sport dès leur plus jeune âge et ont parfois fait de la compétition, sans pour autant être suivis par des professionnels de santé spécifiques.

Mieux s’échauffer, se préserver et miser sur ses forces

Comment continuer à s’amuser et à trouver de la joie dans son sport favori quand son corps semble dire stop ? L’expert a plusieurs recommandations. « D’abord, il faut changer son échauffement. Là où quand on était plus jeune, on pouvait effectuer certains mouvements sans risque avec un échauffement assez court, il faut allonger son échauffement et y introduire des étirements dynamiques (comme des mouvements de yoga, par exemple) qui développent la souplesse. »

Ensuite, il faut gérer l’intensité de ses efforts, et les mettre en place « progressivement » lors de ses entraînements plutôt que d’essayer de maintenir toute une session à haute intensité. Il souligne également qu’il « ne faut surtout pas se dire que la douleur fait partie de l’effort » et recommande de travailler, si possible avec un professionnel, à « ne pas se reposer sur la mémoire d’un geste déjà fait des centaines de fois » et à modifier les gestes douloureux pour ne pas aggraver la situation.

Certes, mais comment faire pour continuer à progresser quand on fait un sport d’équipe, par exemple, et qu’on joue contre des personnes plus jeunes qui peuvent pousser leur corps plus loin ? « On appuie sur ses forces plutôt que sur ses faiblesses, répond Pierre Brelle. Plutôt que d’essayer de les rattraper physiquement, on essaie de mettre en avant son sens du jeu, sa tactique. Ça valorise l’expérience et ça fait moins mal. »

Ne pas se frustrer, et se souvenir que tout le monde y passera

Une « intellectualisation » de son rapport au sport qui fonctionne également pour celles et ceux qui pratiquent des disciplines individuelles comme le vélo ou le running. « On peut progresser sur d’autres plans que le physique. Par exemple, en se concentrant un peu plus sur les points auxquels on faisait moins attention avant explique-t-il, avant de détailler : Qu’est-ce qu’on mange avant d’aller faire du vélo ? Comment est-ce qu’on dort les nuits qui précèdent les entraînements ? » Il invite également à prendre le temps de noter ses pics d’énergie ou quand arrive son second souffle, pour essayer de comprendre comment créer des conditions favorables à leur arrivée.

Enfin, le coach sportif souligne plusieurs points d’importance dans le rapport au sport. « Il arrive que des personnes soient frustrées ou ressentent de l’injustice face à leurs douleurs. Pourquoi moi et pas un autre ? Ce que je conseille, c’est de se rappeler que cette limite physique touche tout le monde, même si elle arrive chez chacun à des moments différents. »

D’ailleurs, il n’y a pas que le physique dans la performance. « C’est un peu bateau à dire mais si ce qu’on recherche, c’est le dépassement de soi, alors il faut essayer de voir ces nouvelles limites comme une opportunité de progresser d’une manière différente, affirme le coach sportif avec optimisme. C’est tout un nouvel ensemble de façons d’apprendre, de progresser, parfois même de manière plus ludique. L’ âge fait peut-être décliner sur certains plans physiques, mais on peut s’améliorer sur beaucoup d’autres points. »

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