Révolutions mexicaines

Dimanche 2 juin, près de 100 millions de Mexicains sont appelés aux urnes pour désigner le successeur du très charismatique Andrés Manuel López Obrador (dit AMLO). Ce jour-là, ils éliront aussi leurs sénateurs, leurs députés, plusieurs gouverneurs et la majorité de leurs maires, dans ce qui s’annonce comme “la plus grande journée électorale” de l’histoire du Mexique. Mais c’est bien vers la présidence que tous les regards seront tournés : pour la première fois, une femme devrait accéder à la fonction suprême, et, dans ce pays marqué par la violence et la corruption, cela n’est pas tout à fait anecdotique.

C’est en tout cas ce qui a nous a décidés à envisager un numéro spécial il y a déjà plusieurs mois pour vous permettre de découvrir en profondeur un pays aujourd’hui en pleine effervescence culturelle. Alors certes, explique le mensuel Letras Libres, l’élection d’une femme à la présidence ne changera sans doute pas fondamentalement la trajectoire du régime et sa dérive autocratique. Car dans cette course à la présidentielle, les deux favorites, Claudia Sheinbaum, l’“héritière” désignée de López Obrador, et Xóchitl Gálvez, la candidate de l’opposition, n’ont guère manifesté d’intérêt pour la cause féministe. “L’heure des femmes a sonné, écrit ainsi El País México, dans un article à retrouver sur notre site. Mais, si l’on veut faire avancer les choses, les deux candidates devraient y mettre un peu plus d’ardeur.”

La “révolution féministe” attendra peut-être en politique, mais sur le plan culturel les femmes se font entendre partout, dans la société, en littérature, en peinture, en musique dans la gastronomie… Et font bouger les lignes. “Le féminisme a conquis une place non négligeable au Mexique, explique encore El País México. C’est un mouvement qui est capable d’affronter des gouvernements de n’importe quel bord quand ils ne représentent pas ses intérêts.”

Dans ce numéro, nous vous proposons un dossier plus politique sur les enjeux de la succession d’AMLO et l’ambiance préélectorale au Mexique. Avec des tensions parfois très fortes entre les élus et la société civile, comme le montre le reportage de la revue Americas Quarterly, qui ouvre cette partie. Dérive autoritaire, clientélisme, militarisation du régime : le tableau que dresse la presse étrangère est assez sombre. Et le reportage d’El Universal sur le Chiapas, où les cartels se disputent le contrôle des villages et des territoires, témoigne du niveau de violence, sidérant, qui frappe le pays.

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