Réforme des retraites : le siège de LVMH à Paris envahi par des manifestants

POLITIQUE - Une action coup de poing. Ce jeudi 13 avril, à quelques heures du départ de la douzième grande manifestation parisienne contre la réforme des retraites, et à la veille du rendu de la décision des « Sages » du Conseil constitutionnel, des dizaines d’opposants au texte ont envahi le siège du groupe de luxe LVMH, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Dans le VIIIe arrondissement de Paris, sur la très chic avenue Montaigne, c’est fumigène au poing et en chantant à gorge déployée que les manifestants ont investi les locaux de Louis Vuitton Moët Hennessy, le nom complet du leader mondial de l’industrie du luxe. Ironie du sort, quelques minutes plus tôt, le groupe français avait battu son record à la Bourse de Paris, atteignant un nouveau plus haut historique.

« Prendre l’argent dans les poches des milliardaires »

Cheminots, soignants ou fonctionnaire de l’Éducation nationale, les opposants, qui étaient partis à plusieurs centaines de la Gare de Lyon, n’ont finalement pu occuper les lieux que quelques minutes. Ils ne sont pas non plus entrés dans les différents magasins du groupe, dont la célèbre boutique Louis Vuitton de l’avenue Montaigne, mais marquent une nouvelle fois le coup, une semaine après avoir déjà réussi un coup d’éclat au siège parisien du géant de la finance mondiale BlackRock.

Ce jeudi, l’opération s’est d’ailleurs déroulée sans dégradations ni heurts avec le service de sécurité de LVMH, ce dernier permettant aux manifestants de scander leurs slogans contre le projet phare d’Emmanuel Macron et Élisabeth Borne.

Au micro de BFMTV, Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail a justifié l’action de ce jeudi en invitant l’exécutif à « prendre l’argent dans les poches des milliardaires », parmi lesquels évidemment Bernard Arnault, le PDG de LVMH que la publication américaine Forbes a encore récemment placé au sommet de sa hiérarchie des hommes les plus riches du monde. « Il y a des problèmes pour financer les retraites ? Eh bien il faut venir ici, dans la poche des milliardaires, dans la poche des gens qui ont tellement d’argent qu’ils ne savent pas quoi en faire », a ainsi détaillé le responsable syndical, saluant une opération « pacifique et symbolique ».

Vers une mobilisation en net recul ?

Et cela alors que cette douzième journée nationale de mobilisation réclamée par l’intersyndicale se déroule dans un contexte bouillant, avant que le Conseil constitutionnel se prononce sur la légalité du texte adopté au Parlement par le biais du 49.3.

En marge du cortège parisien, les leaders syndicaux ont d’ailleurs tenu à faire savoir qu’ils n’avaient aucunement l’intention de se résigner. « La bataille de l’opinion est gagnée », a notamment lancé Laurent Berger de la CFDT avant d’assurer que « le combat syndical était loin d’être terminé ». Et Sophie Binet de la CGT d’embrayer dans la même veine, ironisant d’un « j’ai envie de dire ’lol’ » alors qu’elle était questionnée sur la volonté d’Emmanuel Macron de recevoir les organisations syndicales après la décision des « Sages ».

Si les sondages confirment que l’opinion publique est largement défavorable à la réforme, reste tout de même à connaître l’ampleur de la mobilisation de ce jeudi. Car les premiers chiffres diffusés à la mi-journée semblent augurer d’un recul notable de la participation au mouvement. À Toulouse par exemple, la CGT a annoncé 70 000 manifestants (contre 9 000 pour la police), soit le chiffre le plus faible depuis la mi-mars. Même chose à Marseille (130 000 pour les syndicats contre 6 500 pour la police) ou à Nice (15 000 pour les syndicats et moins de 3 000 pour les autorités), soit là encore des plus bas depuis le 11 mars.

Dans l’Éducation, les syndicats n’ont pas communiqué sur le taux de grévistes ce jeudi, mais le ministère livrait le chiffre d’un peu moins de 5 %, bien loin donc des records atteints au début du mouvement (35 % de grévistes dans le secondaire et 42 % au primaire le 19 janvier, selon le ministère et même respectivement 65 et 70 % à en croire les syndicats). Le signe, peut-être, que certains opposants au texte attendent fébrilement la décision des « Sages » pour décider de retourner dans la rue.

À voir également sur le HuffPost :

Pourquoi Emmanuel Macron devrait retirer son projet de réforme des retraites

Comment la réforme des retraites a viré au cauchemar en trois mois pour l’exécutif