Qui est Sophie Adenot, l’astronaute française qui suit les pas de Thomas Pesquet ?

Mercredi, la Bourguignonne Sophie Adenot, 41 ans, est devenue officiellement la seconde femme astronaute française. Elle s’envolera pour l’ISS en 2026.

Choisie parmi 22 000 candidats en 2021, Sophie Adenot a complété une partie de la formation d'astronaute de l'ESA et s'envolera pour l'espace en 2026 (INA FASSBENDER/AFP)
Choisie parmi 22 000 candidats en 2021, Sophie Adenot a complété une partie de la formation d'astronaute de l'ESA et s'envolera pour l'espace en 2026 (INA FASSBENDER/AFP)

Elle sera la onzième Française à partir dans l’espace. Mercredi, Sophie Adenot a rejoint la très sélective liste des astronautes qui s’envoleront pour la Station Spatiale Internationale en 2026. L’Agence Spatiale Européenne a présenté sa nouvelle recrue, qui doit dès à présent poursuivre deux années d’intense préparation dont les premiers entraînements se feront à Houston (États-Unis), auprès de la Nasa. Portrait de cette lauréate originaire de Bourgogne, au parcours très différent de ses prédécesseurs.

Sophie Adenot est née en 1982 dans une petite ville de la Nièvre, Cosne-Cours-sur-Loire, 10 000 habitants au compteur. Fille d’un notaire et d’une pharmacienne, elle est déjà fascinée par son grand-père qui répare des avions. Mais le déclic a lieu en 1996, lorsqu’elle voit s’envoler vers la station russe Mir la première astronaute française, Claudie Haigneré. Elle ignore alors qu’elle sera sa successeure, mais ses ambitions sont déjà portées en direction du ciel.

"Le rêve était lointain, inaccessible. Du coup, au fur et à mesure, j’ai tout découpé brique par brique"Sophie Adenot, dans une vidéo du ministère des Affaires étrangères

D’abord, elle sort diplômée de Supaéro à Toulouse en 2004, puis passe son brevet de parachutisme sportif au MIT de Cambridge. Elle pratique le sport de haut niveau (escalade, VTT, ski, plongée puis, plus tard, le yoga, qu’elle enseigne aujourd’hui) pour pouvoir rejoindre l’armée de l’Air en 2005.

En 2008, alors qu’elle a 25 ans (au lieu des 27 requis) elle tente une première fois d’intégrer l’ESA, dans la même promotion que Thomas Pesquet, en vain.

"Cela a été un échec, mais en même temps, je ne croyais pas du tout en moi. Cela a été le plus bel échec parce que j'ai pu me préparer, les dix ans qui ont suivi, à cette nouvelle sélection", a confié Sophie Adenot au Figaro.

En 2018, et après des expériences variées – ingénieure chez Airbus, missions de sauvetage, transport présidentiel - Sophie Adenot devient la première femme pilote d'essai sur hélicoptères en France.

Forte de 3 000 heures de vol sur 22 types d’hélicoptères, elle fait fi des obstacles et des remarques ("Sophie, tu pèses pas le poids de ton gilet de combat, t’es pas faite pour être parmi nous"). Une première consécration pour celle qui a pour modèle de nombreuses pilotes françaises comme Jacqueline Auriol ou Caroline Aigle.

En avril 2022, ses 17 ans de service et d’efforts sont salués : Sophie Adenot reçoit la médaille de Chevalier de l'ordre national du Mérite. Sept mois plus tard, la Nivernaise rejoint la nouvelle promotion de 17 astronautes de l’ESA. En recevant son brevet, elle devient officiellement la seconde femme astronaute française, dans les pas de Claudie Haigneré qu’elle admirait. Comme l’indique l’ESA, elle parle l’anglais, l’allemand, le russe et a des notions d’espagnol.

Le parcours de Sophie Adenot, devenue, entretemps, colonelle au sein de l’Armée de l’air, épate notamment son petit garçon. "Lui, il est tout simplement heureux pour sa maman. Il me voit rentrer avec un sourire comme ça", racontait-t-elle à France Info l’an dernier.

Jusqu’à ce 22 mai 2024, et son nouveau challenge : l’annonce de son départ pour l’ISS, pendant 6 mois, en 2026. Sophie Adenot sera la onzième Française à décoller pour l’espace, quatre décennies après Jean-Loup Chrétien, qui décollait en 1982 vers la station spatiale Saliout 7.

Dans une interview à BFM, elle détaille la première partie de l'intense entraînement à la vie dans l’espace, qu’elle a poursuivi jusqu'ici, jour après jour, à Cologne. "J’ai l’âme d’une exploratrice, détaille-t-elle, tout ce qu’on me fait découvrir qui me sort de ma zone de confort, j’aime bien, parce qu’on en apprend toujours sur soi".

L’ESA prépare notamment ses nouvelles recrues au programme Artemis, qui a pour objectif de renvoyer des humains sur la Lune puis, dans un futur lointain, de préparer des équipements pour aller sur Mars.