Qui est Michel Talagrand ? 4 choses à savoir sur le mathématicien vainqueur du prix Abel 2024

Couronné du prestigieux prix scientifique ce mercredi, Michel Talagrand exerce au CNRS depuis près de 50 ans.

Michel Talagrand lauréat du prix Abel, l'une des deux récompenses majeures dans le domaine des mathématiques (Photo : DR/YouTube/CNRS)

Il a dédié sa vie à la recherche et a fini par être honoré du prix le plus prestigieux qu'il aurait pu espérer. Avec la médaille Fields (réservés aux personnes âgées de moins de 40 ans), le prix Abel est l'autre récompense majeure dans le domaine des mathématiques. Lancé en 2001 comme un équivalent du prix Nobel (qui n'existe pas dans cette discipline), il a été décerné cette année au Français Michel Talagrand.

Âgé de 72 ans et natif de Béziers, Michel Talagrand est l'un des mathématiciens français les plus renommés de ces dernières années. Comme il l'explique lui-même dans une interview publiée en 2019 par la Gazette de la Société Mathématique de France, ses parents enseignants "ont pris soin de (s)on éducation scientifique dès (s)on plus jeune âge".

1 - Il perd l'usage de l'œil droit à l'âge de 5 ans

Abonné à la revue Sciences et Avenir dès l'âge de 7 ans, Michel Talagrand en a tiré un "intérêt précoce pour la science" qui ne s'est ensuite jamais démenti. Ses études dans la région lyonnaise (où ses parents ont rapidement déménager) vont toutefois être compliquées par une "faiblesse génétique" touchant ses yeux, provoquant des décollements de rétine et, à terme, la cécité. Le Biterrois a ainsi perdu l'usage de l'œil droit à l'âge de 5 ans et a ensuite connu des problèmes à l'œil gauche à l'adolescence.

À l'âge de 15 ans, Michel Talagrand a ainsi été hospitalisé pendant plusieurs semaines pour soigner des décollements de rétine successifs. Dans son interview de 2019, il affirme que son père l'a "sauvé" à l'époque en venant le visiter quotidiennement pour lui parler de mathématiques. Finalement sorti de l'hôpital après que son œil gauche a été définitivement guéri, l'adolescent est autorisé à passer en classe de 1ère, malgré ses résultats moyens, ce qui constituera un tournant dans sa vie.

2 - Passionné de mathématiques et de physique, il choisit les maths par défaut

A partir de cette année de 1ère, Michel Talagrand devient subitement un élève brillant en physique et en mathématique. "Peut-être s’agit-il d’une réaction de survie après un choc psychologique épouvantable et la terreur de ce à quoi je venais tout juste d’échapper", avance-t-il a posteriori. Après avoir obtenu la mention "très bien" au bac, le jeune homme poursuit fort logiquement son cursus dans la filière scientifique.

Jugeant "que (s)es problèmes de vue n’étaient pas compatibles avec une scolarité en classe préparatoire", ses parents décident de l'envoyer à l'université, où il continue à tutoyer l'excellence. S'orientant vers le métier d'enseignant, il finit par choisir les mathématiques plutôt que la physique, car il y a davantage de postes à pourvoir dans cette matière.

3 - Avancées majeures et récompenses à la pelle

Reçu à l'agrégation en 1974 (avec les meilleurs résultats de son académie), il entre ensuite au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) où il rédigera sa thèse sous la direction de Gustave Choquet, qui devient alors son mentor. Michel Talagrand valide son doctorat en 1977 et devient ensuite directeur de recherche au CNRS en 1984.

Travaillant principalement dans les domaines des statistiques et des probabilités, il est à l'origine d'avancées majeures dans ces champs et commence à cumuler les récompenses : prix Servant en 1985, prix Loève en 1995, prix Fermat en 1997, prix Shaw en 2019... Devenu progressivement une référence mondiale dans son domaine, il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 2011 par le président de l'époque, Nicolas Sarkozy.

4 - Maire d'un petit village ardéchois depuis 2014

Après presque 50 ans de recherches aussi productives que fructueuses, Michel Talagrand a donc finalement atteint le graal des mathématiciens avec ce prix Abel qui récompense l'ensemble de son œuvre et plus précisément "ses contributions novatrices à la théorie des probabilités et à l'analyse fonctionnelle, avec des applications remarquables en physique mathématique et en statistique".

Installé depuis des années dans le petit village de Sablières (Ardèche), Michel Talagrand est devenu maire de sa commune à l'occasion des élections municipales de 2014, à la tête d'une liste citoyenne. Réélu en 2020, il pourrait briguer un troisième mandat consécutif en 2026, auréolé cette fois de la récompense d'une vie...