Qui est Julian Assange, le fondateur de Wikileaks remis en liberté après plus de 10 ans de calvaire ?

Poursuivi par les autorités américaines depuis plus d'une décennie, le hackeur et journaliste australien a été remis en liberté le lundi 24 juin.

Julian Assange est libre depuis le 24 juin 2024 (Photo : Wikileaks via X/via REUTERS)

Après avoir passé sept ans enfermé dans l'ambassade d'Equateur à Londres (Royaume-Uni), puis cinq ans dans une prison britannique, il va enfin pouvoir retrouver son pays natal. Ce lundi 24 juin, le célèbre lanceur d'alerte australien Julian Assange a été libéré à la suite d'un accord trouvé avec la justice américaine.

Le fondateur de Wikileaks, qui était poursuivi pour 18 chefs d'inculpation par l'administration fédérale des Etats-Unis, sera finalement jugé mercredi 26 juin aux îles Mariannes (territoire sous juridiction américaine) et devrait écoper d'une peine correspondant au temps passé derrière les barreaux en Angleterre (cinq ans, donc).

Devenu avec le temps une icône médiatique, Julian Assange est surtout connu pour avoir publié sur son site des millions de documents classifiés provenant de pays du monde entier, relatifs notamment à des scandales de corruption, d'espionnage et de violations de droits de l'homme. Dans la trajectoire personnelle de l'Australien, WikiLeaks constitue l'aboutissement d'une vie presque entièrement consacrée au hacking.

Comme le raconte Le Monde, Julian Assange est né en 1971 à Townsville, ville côtière du nord-est de l'Australie. Sa mère Christine Ann Hawkins, une "artiste tendance hippie" selon L'Illustré, se sépare rapidement de son père biologique, rencontré lors d'une manifestation contre la guerre du Vietnam, et épouse un directeur d’un théâtre de marionnettes nommé Brett Assange, qui donnera son nom au jeune Julian.

Après une petite enfance passée dans une "joyeuse communauté de hippies" sur l'île de Magnetic Island, située en face de Townsville, Julian va être amené à déménager à de nombreuses reprises, suivant le parcours quelque peu chaotique de sa mère. A la fin des années 1970, cette dernière tombe en effet, avec son fils, "dans les griffes de ce qu’il décrira plus tard comme une secte", d'après Le Monde.

En 1982, Christine Ann Hawkins parvient finalement à se dégager de l'emprise de ce groupe et emmène avec elle son fils Julian, ainsi que le demi-frère de ce dernier, né d'une union ultérieure. Poursuivi par son dernier conjoint en date, elle passe ensuite des années à le fuir, passant d'une ville à l'autre. Durant cette période, Julian Assange fréquente ainsi pas moins de 37 écoles différentes, selon stuff.co.nz.

Comme le racontent Franceinfo et L'Illustré, la vie tumultueuse de Julian Assange prend un tournant décisif lorsqu'à l'âge de 16 ans, il se fait offrir un ordinateur Commodore SX-64. L'Illustré précise que cette antique machine "pesait plus de 10 kilos pour une mémoire vive de 64 kilo-octets (d’où son nom), 30 000 fois moins qu’un téléphone portable d’entrée de gamme".

Immédiatement passionné par l'informatique, il se forme à la programmation et se frotte rapidement au milieu du piratage. Pas encore majeur, il entame ainsi une "carrière" de hackeur sous le pseudonyme de Mendax (qui signifie "menteur" en latin et est inspiré d'un personnage du poète Horace). Selon Le Monde, le jeune homme "a l’éthique originelle des hackeurs chevillée au corps : il ne s’enrichit pas, ne détruit rien et, s’il contourne les protections, c’est plutôt pour comprendre comment fonctionnent ces technologies numériques naissantes et en démontrer les faiblesses".

"On faisait des raids sur la compagnie canadienne de communication, sur la NASA et sur le Pentagone, resitue Julian Assange, cité par L'Illustré. Un jour, j’ai réussi à pénétrer la compagnie australienne d’électricité en me faisant passer pour un collègue. J’avais créé un fond sonore de bureau et j’ai obtenu le mot de passe par téléphone!"

Avec ses camarades hackeurs du groupe des "International Subversives", Assange finit par attirer l'attention de la justice australienne. Il est ainsi arrêté une première fois à l'âge de 20 ans et accusé de 31 délits de cybercriminalité, selon Franceinfo. Reconnu coupable de plusieurs chefs d'accusation au terme de son procès en 1996, il est condamné à une amende (alors qu'il risquait jusqu'à dix ans de prison).

Nullement refroidi par cette mésaventure, Julian Assange continue ensuite son apprentissage et ses expérimentations dans le domaine de l'informatique. Il s'intéresse notamment à la cryptographie et conçoit en 1997 un logiciel permettant de "dissimuler des données cryptées sous une couche de fausses données, de sorte qu’aucun mot de passe unique ne puisse jamais conduire à la source et aux informations sensibles d’une personne", d'après L'Illustré.

Au début des années 2000, le hackeur australien entame un cursus à l'Université de Melbourne et étudie notamment les mathématiques, la physique et la philosophie. De plus en plus convaincu que "le développement d’internet crée une asymétrie d’information entre les pouvoirs publics, économiques, militaires et les simples citoyens", selon L'Illustré, il imagine alors un moyen concret de lutter contre cet état de fait.

En 2006, Julian Assange lance WikiLeaks, l'œuvre d'une vie. D'après les mots du fondateur, rapportés par L'Illustré, le site est conçu comme une "agence de renseignement du peuple qui utiliserait la technologie pour dénoncer les abus des pouvoirs en place". En un peu moins de 18 années d'existence, WikiLeaks a dévoilé des millions de documents confidentiels dans cet esprit de mise à disposition du grand public des secrets inavouables de dizaines d'Etats et de multinationales.

Ces publications ont donc également valu des années de poursuites judiciaires à Julian Assange. Privé de liberté pendant 12 ans, le rédacteur en chef de WikiLeaks a pu compter sur le soutien de Stella Morris, sa compagne depuis plus de 30 ans. Comme le rapporte Ouest France, le couple s'est en effet marié en 2022 et a également eu deux enfants, alors qu'Assange était en détention au centre pénitentiaire de Belmarsh.