Qu'est-ce que la chasse à la glu, interdite cette année par Emmanuel Macron ?

Le merle, un oiseau ciblé par la chasse à la glu.

La France était le dernier pays de l’Union européenne à autoriser cette méthode de chasse, dans cinq départements du Sud-Est, à titre dérogatoire.

La méthode était pointée du doigt depuis de nombreuses années par les défenseurs des droits des animaux. Emmanuel Macron a décidé d’interdire la chasse à la glu pour les grives et les merles cette année, annonce l’Elysée.

La chasse à la glu désigne une méthode qui ne consiste pas à tuer mais à capturer des oiseaux, des grives et des merles principalement. Elle consiste à recouvrir de colle des baguettes fixées sur des branches d’arbre. Les grives et merles noirs qui se posent sur ces pièges sont décollés puis mis en cage : ils servent alors d’appelants pour attirer, en chantant, d’autres oiseaux tirés par les chasseurs.

Une méthode de chasse impopulaire

La chasse à la glu concerne moins de 6 000 chasseurs, répartis dans cinq départements du sud-est de la France (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse). En juillet dernier, la Commission européenne donnait trois mois à la France pour “réexaminer ses méthodes de capture d’oiseaux”, pointant directement du doigt la chasse à la glu. La France est le dernier pays de l’Union européenne à autoriser cette méthode de chasse dans cinq départements du Sud-Est, à titre dérogatoire.

La méthode de la chasse à la glu était particulièrement impopulaire. En 2018, une enquête Ipsos et One Voice révélait que plus de 84% des personnes interrogées réclament l’interdiction de la chasse à la glu.

“Une victoire grâce à la pression du public et de l’UE”

“C’est une victoire, obtenue grâce à la pression du public, qui ne veut plus voir ces chasses-là, et à la pression de l’Union européenne. On espère que cela va marquer un virage dans le quinquennat d’Emmanuel Macron sur la chasse. On restera toutefois vigilant concernant l’interdiction de la chasse à la glu les années suivantes”, réagit Muriel Arnal, la fondatrice de One Voice, association de défense des animaux qui a multiplié les recours contre la chasse à la glu aux côtés de la Ligue de Protection des Oiseaux.

Fin juillet, dans une campagne de communication sur les réseaux sociaux, les chasseurs parlaient de la chasse à la glu comme d’une “chasse traditionnelle pratiquée par une minorité de passionnés injustement mis à l’index par quelques bonnes âmes bien pensantes”. Une communication qui n’a pas suffit à infléchir la position du gouvernement. La nouvelle ministre de l’Écologie, Barbara Pompili, avait annoncé vouloir interdire cette pratique lors de son entrée au gouvernement.

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“Massacrés et aspergés d'essence pour les décoller de la colle”

Sur France Info, Yves Verilhac, directeur général de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), rappelait fin juillet que 40 000 oiseaux sont piégés à la glu par 5 000 piégeurs au total chaque année. Il explique avoir installé des caméras pour vérifier les méthodes des chasseurs : “On y voit des piégeurs qui attrapent des rouges-gorges, des mésanges, des fauvettes, qui sont massacrés et aspergés d'essence pour les décoller de la colle, puis jetés comme des pierres. Les cadavres sont ensuite ramassés”.

La chasse à la glu est l’une des mesures visées par le référendum d’initiative partagé (RIP) contre la maltraitance animale. Parmi les six propositions, une vise à l’”interdiction de la chasse à courre, du déterrage et des chasses dites traditionnelles”, dont fait partie la chasse à la glu. En un mois et demi, l’initiative a recueilli plus de 580 000 signatures. Si le texte recueille le soutien de 185 parlementaires et collecte 4,7 millions de signatures en neuf mois, un référendum sera organisé, au niveau national.

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