Quentin Bataillon dans « TPMP » : la gauche demande sa démission, Yaël Braun-Pivet appelle au « discernement »

Quentin Bataillon rappelé à l’ordre par Yaël Braun-Pivet (ici en décembre 2023), la gauche veut sa démission.
LUDOVIC MARIN / AFP Quentin Bataillon rappelé à l’ordre par Yaël Braun-Pivet (ici en décembre 2023), la gauche veut sa démission.

POLITIQUE - Plusieurs voix s’élèvent à gauche pour demander à Quentin Bataillon, le président de la commission d’enquête à l’Assemblée nationale portant sur la réattribution des fréquences de la TNT, de démissionner après son passage dans l’émission « Touche pas à mon poste » de Cyril Hanouna mardi 2 avril sur C8.

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« Quentin Bataillon est disqualifié, il ne peut plus présider cette commission », écrit par exemple le coordinateur des Insoumis Manuel Bompard sur le réseau social X (anciennement Twitter), en accusant le parlementaire Renaissance de « couvrir Hanouna, pourtant largement sanctionné par l’Arcom ». « Cette humiliation de l’Assemblée laissera des traces », ajoute sa collègue LFI Clémence Guetté dans le même esprit, en qualifiant l’initiative du député de la Loire de « faute politique ».

Parmi les élus indignés, nombreux sont membres de ce fameux cénacle qui auditionne depuis plusieurs semaines les acteurs majeurs de la TNT. Pour le socialiste Iñaki Echaniz par exemple, Quentin Bataillon a « trahi les pouvoirs du législateur », donc « la démission s’impose ».

Dans ce contexte, la députée écologiste Sophie Taillé-Polian – une autre élue membre de la commission – a quant à elle saisi le déontologue de l’Assemblée pour lui demander la révocation du député Renaissance. Un vent de fronde à gauche, et de gêne dans le camp présidentiel, qui pousse Yaël Braun-Pivet à s’exprimer.

Yaël Braun-Pivet exige du « discernement »

Appelée à réagir, la présidente de l’Assemblée nationale s’est fendue d’un communiqué ce mercredi 3 avril, en forme de rappel à l’ordre, pour réclamer au député, membre de la majorité, du « discernement » et de la discrétion.

« Tant que les conclusions d’une commission d’enquête ne sont pas rendues publiques (...) son président, comme son rapporteur et ses membres, doivent faire preuve de réserve et de discernement dans leurs prises de position et leurs expressions publiques, afin de garantir la sérénité des travaux et la crédibilité des investigations », explique-t-elle ainsi.

Il faut dire que pour de nombreux parlementaires, à l’Assemblée comme au Sénat, Quentin Bataillon a largement porté atteinte à la crédibilité de la commission en faisant le SAV de ses travaux sur le plateau de C8, chez Cyril Hanouna, une des personnalités centrales dans les enjeux liés à la TNT.

Installé autour de la table de « Touche pas à mon poste », l’élu de la majorité présidentielle n’a pas hésité à égratigner un animateur concurrent, Yann Barthès, qui a lui aussi été entendu par sa commission. « Je crois que c’est la première fois que je me suis énervé, il avait une attitude assez arrogante dès le début, il refusait de répondre à nos questions », a ainsi lâché Quentin Bataillon au sujet du présentateur de Quotidien sur TMC.

Le député a également fait œuvre de pédagogie au sujet de ses travaux, qui ont été initiés par les députés LFI à l’automne pour faire la lumière sur l’attribution des fréquences TNT, dont celles de C8 et CNews remises en jeu cette année.

Son rapporteur, l’Insoumis Aurélien Saintoul, va rédiger son rapport « seul » d’ici début mai, et « j’imagine qu’il sera marqué », a encore avancé Quentin Bataillon, en souhaitant « sortir de la chasse aux sorcières, de la chasse aux animateurs, aux journalistes, aux chaînes ». En réponse, Aurélien Saintoul a ironisé sur X, en remerciant le président de la commission de « sa démarche expérimentale pour faire avancer » l’exercice parlementaire.

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