Ce qu'a dit aux enquêteurs la députée qui accuse le sénateur Joël Guerriau de l'avoir droguée

De premières déclarations dans une affaire hors norme. Le sénateur Les Indépendants de Loire-Atlantique Joël Guerriau a été placé en garde à vue jeudi, soupçonné d'avoir drogué une députée dans le but de l'agresser sexuellement, ont révélé nos confrères de RMC. L'élue a dit aux enquêteurs avoir remarqué un "comportement étrange" de la part du sénateur ce soir-là, a appris BFMTV de source proche de l'enquête.

Un dîner chez le sénateur

La députée, dont l'identité reste confidentielle, affirme aux forces de l'ordre, dans sa première déclaration, que le sénateur et elle, qui se connaissent depuis une dizaine d'années, se donnent rendez-vous le 14 novembre au soir.

Tous deux doivent célébrer ensemble un événement dont la nature n'est pas précisée. Pour l'occasion, les deux élus doivent se retrouver au restaurant, mais Joël Guerriau invite finalement la députée à venir plutôt dîner chez lui, vers 20 heures.

Tout au long de la soirée, le sénateur de Loire-Atlantique propose à son invitée plusieurs verres qu'il prépare dans sa cuisine. Selon elle, il adopte un "comportement étrange", elle note en particulier qu'il monte l'intensité du variateur de lumière au cours de la soirée. Il la regarde également avec "insistance" et dit vouloir qu'ils "fassent la fête ensemble".

De soudaines sueurs froides

La soirée prend ensuite une tournure étrange. La députée affirme qu'environ 20 minutes après avoir bu une gorgée du verre que l'élu lui a servi, elle se sent mal soudainement: elle dit ressentir des sueurs froides et sentir son rythme cardiaque s'accélérer.

Elle prend peur, mais décide de ne pas le montrer à son hôte, et préfère commander un taxi et quitter les lieux dès 22 heures pour l'Assemblée nationale. Arrivée au Parlement, elle explique sa situation à deux de ses collègues et les secours arrivent rapidement. Sur place, elle subit une première série d'examens. Ils confirment que la députée a les pupilles très dilatées et un rythme cardiaque élevé.

Conduite à l'hôpital Lariboisière, dans le 10e arrondissement de Paris, la députée est soumise à une prise de sang et des analyses urinaires. Ces nouveaux examens révèlent la présence d'ecstasy dans son organisme.

Un sachet d'ecstasy retrouvé chez l'élu

L'élue assure avoir toujours entretenu une relation amicale avec Joël Guerriau et ne pas comprendre le comportement du sénateur, alors que les premiers éléments de l'enquête laissent penser qu'il aurait pu la droguer à son insu.

Selon la députée, l'élu des Indépendants n'a tenté aucun rapprochement physique avec elle au cours de la soirée. Pour autant, elle se dit persuadée que si elle lui avait confié son mal-être, il lui aurait probablement proposé de rester chez lui pour la nuit dans le but d'abuser d'elle.

Une perquisition a été menée au domicile du sénateur et a permis aux enquêteurs de mettre la main sur un sachet d'ecstasy. La députée a déposé plainte.

Le sénateur est soupçonné d'"administration à une personne, à son insu, d'une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle." Il encourt 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Article original publié sur BFMTV.com