Ce qu’Alex Batty, le jeune Britannique retrouvé en France, a raconté aux enquêteurs sur son incroyable périple

Le jeune homme a décrit une « vie nomade » au sein d’une « communauté spirituelle » dans laquelle sa mère et son grand-père l’ont contraint de vivre pendant six ans.

Il voulait « retrouver sa vie en Angleterre ». Le jeune Alex Batty, un Britannique recherché depuis six ans et retrouvé en France le 13 décembre, a marché « quatre jours et quatre nuits » pour sortir de la « communauté spirituelle » dans laquelle il dit avoir été contraint de vivre pendant toutes ces années par sa mère, selon les éléments révélés par le parquet de Toulouse ce vendredi 15 décembre.

Décrivant une vie d’itinérance entre le Maroc, l’Espagne et la France, aux côtés de sa mère et son grand-père obsédés par la vie en autonomie, le jeune garçon a dit aux enquêteurs avoir voulu changer de vie.

« C’est quand sa mère a envisagé de partir en Finlande qu’il a compris qu’il fallait que ça s’arrête », a expliqué l’adjoint du procureur de la République de Toulouse lors d’une conférence de presse. Dans sa fuite, le jeune homme d’aujourd’hui 17 ans « marchait exclusivement la nuit et dormait le jour », avec 100 euros en poche, se nourrissant « de ce qu’il trouvait dans les champs et les jardins », a raconté Antoine Leroy.

Alex Batty voulait rejoindre Toulouse

C’est un jeune livreur en voiture qui a recueilli le garçon alors que ce dernier marchait vers Toulouse « en faisant en sorte de gagner la ville sans rencontrer grand monde ». « Il s’est dit que dans une grande ville comme Toulouse, il trouverait des autorités qui l’aideraient », a poursuivi Léa Chambonnière, commandante de la compagnie de gendarmerie de Villefranche-de-Lauragais.

L’automobiliste, un étudiant également livreur en pharmacie, a contacté les gendarmes après avoir entendu les confessions d’Alex Batty. Ce dernier a ainsi été « transporté directement à la brigade des recherches », qui a confirmé jeudi qu’il était bien le garçon recherché depuis six ans par le Royaume-Uni.

C’est en 2017 que le Britannique originaire de la banlieue de Manchester, alors âgé de 10 ans, s’est volatilisé. Cet été-là, sa mère avait demandé de passer deux semaines de vacances avec lui en Espagne, alors que la garde de l’enfant revenait à sa grand-mère maternelle. Alex Batty n’est jamais rentré au Royaume-Uni après ces vacances.

« La seule constante, c’était des panneaux solaires et un potager »

Aux médias britanniques, la grand-mère confie avoir immédiatement compris : la mère d’Alex (que le garçon décrit comme « assez instable », selon le parquet), à la recherche d’un « style de vie alternatif », l’avait déjà emmené faire deux séjours au Maroc au cours de l’année 2014.

Selon le parquet, Alex Batty aurait passé les premières années de son périple au Maroc, avec sa mère et le père de cette dernière. C’est entre 2020 et 2021 que le trio arrive « dans les Pyrénées françaises ». « Autour de Perpignan, dans l’Aude, en Ariège… (le garçon) est dans l’incapacité de donner des lieux précis », explique Antoine Leroy.

Le jeune homme, qui ne parle pas un mot de français, a décrit aux enquêteurs une vie « nomade », « sans attache fixe », dans laquelle la famille « ne restait pas longtemps dans les mêmes endroits », « des grandes maisons où se trouvaient plusieurs personnes », ne voyageant « qu’en covoiturage ». En France, en Espagne ou au Maroc, ils s’entouraient « de communautés avec plusieurs nationalités, des familles d’origines canadienne, indienne, espagnole », énumère le parquet.

Le Britannique parle de l’« obsession pour l’énergie » de sa mère et son grand-père : « la seule constante qu’ils prenaient avec eux, c’était des panneaux solaires et un potager », explique Léa Chambonnière. Il évoque également « un travail sur l’ego, la méditation, l’inexistence du monde réel, la réincarnation » au sein de ce qu’il décrit lui-même comme une « communauté spirituelle », sans employer le terme de « secte ».

Le grand-père décédé il y a six mois

Le garçon, retrouvé en bonne santé, ne décrit « aucune violence physique de la part de quiconque ». Il précise « qu’il n’a jamais été enfermé ni séquestré, et qu’il avait la liberté d’aller et venir, même s’il était obligé de vivre dans ces conditions », relate l’adjoint du procureur. Le grand-père serait décédé il y a six mois, selon Alex Batty, qui a dit avoir assisté à une « cérémonie de méditation » autour du père de sa mère.

Cette dernière est-elle déjà en Finlande, où elle projetait de se rendre ? Était-elle au courant du projet de départ de son fils ? Le périple de la famille a-t-il impliqué un ou plusieurs mouvements sectaires installés en France ? Des investigations sont dès maintenant menées pour tenter de répondre à ces questions.

Le garçon devrait retrouver sa famille en Angleterre « demain (samedi) ou après-demain », selon le parquet. Sa grand-mère, qui « a aujourd’hui un handicap et peu d’argent », n’a pas pu se déplacer pour venir le chercher en France.

« Je suis évidemment très heureuse de son retour », a-t-elle confié auprès de BFMTV, qui a dépêché une envoyée spéciale sur place, à Manchester. Elle a ajouté : « C’était vraiment comme un rêve quand je lui ai parlé et c’était incroyable ».

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