Pyrénées-Orientales: un projet de nouveau golf fait polémique, en pleine alerte sécheresse

Un projet qui n'en finit plus de faire polémique. À l'heure où l'urgence écologique n'est plus à démontrer dans les Pyrénées-Orientales, département touché par une sécheresse intense depuis plusieurs années, le projet d'un futur golf n'en finit plus de faire enrager riverains et associations écologiques. L'idée, née en 2003, a même fait l’objet d'une déclaration d’utilité publique par le préfet en 2019.

Ce terrain de golf de 18 trous devrait être accompagné de 600 logements, d'une trentaine de villas et d'un hôtel, le tout sur une surface de 160 hectares, à proximité du lac de la Raho.

"Absolument indécent"

Les opposants demandent à l'État de suspendre les travaux, déjà engagés à la fin de l'année 2023, et dénoncent un projet qui défie toutes les règles écologiques actuelles.

"Ce sera l’équivalent de 11.000 personnes qui vont consommer de l’eau alors qu’on est à l’heure actuelle sur plusieurs villes et villages approvisionnés par des camions-citernes d’eau domestique", explique, à BFMTV, Jean Codognes, président de l’association Pays catalan écologie.

Depuis le début 2024, il n'a pas plu une seule goutte sur le département, et le déficit pluviométrique y atteint déjà 80% pour le mois de janvier. Des statistiques dans la droite lignée de celles de 2023, année où seuls 245 mm de précipitations ont été recensés, contre 560 mm habituellement. Vendredi 9 février, la préfecture a déjà alerté sur des risques d'incendie pour les jours à venir, souligne Actu.fr.

Les hautes autorités départementales ne voient pas non plus d'un très bon œil la poursuite de ce projet.

"Il est absolument indécent de demander aux agriculteurs, aux habitants de cette région, aux acteurs économiques, de faire preuve de sobriété, quand les élus ne sont pas eux-mêmes responsables et exemplaires", martèle ainsi, sur notre antenne, Agnès Langevine, vice-présidente de la région Occitanie en charge du climat et du pacte vert.

Les associations craignent également une utilisation excessive de pesticides afin de garder le terrain de golf praticable.

Système vertueux?

Pourtant, auprès de la municipalité de Villeneuve-de-la-Raho, on défend mordicus le projet, qui selon la maire LR Jacqueline Irles est totalement vertueux. "Nous rejetons de la station d’épuration, tous les jours, un million de litres d’eau alors qu’on en a tellement besoin...", commence-t-elle.

"Aujourd’hui, notre dossier a justement eu l'autorisation de récupérer ces eaux usées et d’arroser le golf uniquement avec cette eau qui est jetée, perdue", assure-t-elle à BFMTV.

Une solution qui n'est pas viable, rétorque auprès du Parisien Joan Nou, président d’Agissons 66, mouvement citoyen opposé au golf qui s'est pourvu en justice. "L’eau de la station d’épuration ne suffira pas. À telle enseigne que Madame Irles a passé un accord avec le maire communiste d’Elne, Nicolas Garcia, pour pomper l’eau du lac de la Raho", déjà rongé par la sécheresse, dénonce-t-il.

Selon le quotidien francilien, les opérateurs du projet, Belin promotion de Toulouse et GGL de Montpellier, ont obtenu gain de cause sur les expropriations devant le tribunal judiciaire de Perpignan et ont finalement pu commencer le chantier.

Comme réponse, les opposants souhaitent désormais une nouvelle procédure judiciaire, cette fois-ci, comme l'avance encore Le Parisien, pour "détournement de fonds publics, non-respect des règles des marchés publics et délit de favoritisme."

En parallèle, 92 enseignants, chercheurs et ingénieurs de l'université de Perpignan Via Domitia (UPVD) viennent de cosigner, dans L'Indépendant, une longue tribune pour alerter sur l'impact considérable du dérèglement climatique dans le département et dénoncer l'inaction de l'État.

Article original publié sur BFMTV.com