Putsch au Niger : les premiers Français évacués de Niamey sont arrivés à Paris, à l’aéroport de Roissy

NIGER - Ils affichent satisfaction et sérénité, malgré la fatigue visible sur les visages. Les passagers du premier vol de rapatriement français, évacués en urgence du Niger, sont arrivés dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 août à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Les 262 passagers, venus de Niamey, ont atterri peu après 1 h 30.

Premier à sortir de l’avion vers 2 heures (heure de Paris), Charles se dit « content d’être revenu et un peu malheureux de laisser le Niger dans cette situation de prise d’otage plus que de putsch », quelques jours après le coup d’État militaire dans le pays sahélien. « Pas sûr que ça va dégénérer, mais c’est toujours bien d’être rentré », ajoute l’homme aux cheveux blancs, qui n’a pas décliné son identité complète.

À bord de l’avion, outre une grande majorité de Français, des Nigériens, des Portugais, des Belges, des Éthiopiens et des Libanais, d’après le ministère des Affaires étrangères.

« J’ai tout laissé là-bas »

Cette évacuation d’ampleur, que les autorités françaises espéraient mener à bien d’ici à la mi-journée mercredi, a été décidée « compte tenu de la situation à Niamey », selon le Quai d’Orsay.

L’opération a été « bien organisée, ça a été assez vite, pour ma part tout s’est très bien passé », témoigne Bernard (il ne donne pas son nom), qui travaille depuis deux mois au Niger pour l’Union européenne.

« À Niamey, il n’y a pas de tensions particulières en ville, pas de stress particulier, la population vaque à ses occupations », décrit cet homme, parti avec « deux ordinateurs, deux t-shirts, une paire de chaussettes et une brosse à dents ». « Pour le reste, j’ai tout laissé là-bas », ajoute-t-il sans paraître s’en formaliser.

À l’arrivée des premiers évacués français à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, le 2 août.
À l’arrivée des premiers évacués français à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, le 2 août.

600 Français souhaitent rentrer

Parmi le flot de passagers, seuls quelques-uns ont accepté de répondre aux questions de la presse, présente en nombre dans le terminal aéroportuaire.

Raïssa Kelembho est rentrée de Niamey avec ses deux garçons mais a laissé son mari derrière elle, resté pour son travail de directeur commercial. « Ça fait du bien », a-t-elle déclaré, soulagée. « Depuis que ça a commencé, on n’est pas sortis de la maison », ajoute la mère de famille. « À un moment donné, il y a eu une sensation d’insécurité, on savait que tout pouvait basculer à tout moment », explique-t-elle.

Pour Huguette Bonneau, « l’angoisse, c’est parce que les frontières et les aéroports sont fermés, sans ça on n’aurait pas été angoissés », soutient-elle en poussant un chariot lourd de bagages.

Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays frontaliers sont désormais rouvertes, a cependant annoncé dans la nuit un des putschistes à la télévision nationale.

Sur les quelque 1 200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, selon Paris, 600 ressortissants ont exprimé leur intention de revenir en France. Trois autres vols sont déjà prévus.

Par ailleurs, l’Italie a également procédé des rapatriements ce mercredi. Parti de Niamey, un Boeing 767 de l’Armée de l’air italienne a atterri peu après 5 heures à l’aéroport Ciampino de Rome avec à son bord 99 ressortissants italiens et d’autres nationalités. Selon l’agence Ansa, 36 Italiens et 21 Américains font partie des ressortissants évacués, accueillis à leur arrivée par le chef de la diplomatie italienne.

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