Putsch au Niger : l’évacuation des ressortissants français a été ordonnée, comment va-t-elle se dérouler ?

La police nigérienne à Niamey le 30 juillet (image d’illustration).
La police nigérienne à Niamey le 30 juillet (image d’illustration).

INTERNATIONAL - Les quelque 600 Français vivant au Niger comment à quitter le pays. Ce mardi 1er août, le ministère des Affaires étrangères a annoncé le début d’une « opération d’évacuation par voie aérienne » en raison de « la dégradation de la situation sécuritaire au Niger ». Comment va-t-elle se dérouler ? Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait.

L’opération a été décidée ce mardi par le Quai d’Orsay après les « violences qui ont eu lieu contre notre ambassade avant-hier et la fermeture de l’espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens ».

À la mi-journée, un avion a décollé depuis la France direction l’aéroport de Niamey pour prendre en charge les premiers ressortissants français de la capitale du Niger, a indiqué à l’AFP une source informée de cette opération d’évacuation. Le site spécialisé Flightradar a remarqué en début d’après-midi qu’un avion « France-Gouvernement » avait atterri à Niamey.

L’appareil a décollé mardi soir de Niamey et se posera « en début de nuit » à l’aéroport de Paris-Roissy Charles de Gaulle, a annoncé à l’AFP la ministre française des Affaires étrangères. « Il y a 262 personnes à bord de l’avion qui est un Airbus A330, dont une douzaine de bébés », a indiqué Catherine Colonna. « La quasi totalité des passagers sont des compatriotes », a-t-elle précisé, ajoutant qu’il y avait « quelques ressortissants européens ».

Des avions militaires affrétés

D’autres passagers, « avec davantage d’Européens », étaient en train d’embarquer dans un deuxième avion vers 20 h 20, heure française. Il décollera prochainement, également de l’aéroport civil de Niamey, a également indiqué la cheffe de la diplomatie française. « Il y a 600 Français qui ont exprimé clairement leur intention de partir et il y a un peu moins de 400 Européens », a-t-elle également précisé. Un troisième vol est programmé.

L’État-major des armées a précisé plus tôt dans la journée que trois avions – des Airbus A330 et A330 MRTT – étaient partis du sud de la France, pour l’aérodrome civil de Niamey. Une autre source a indiqué à l’AFP que la France enverrait des avions militaires, non armés et semblables à des avions de ligne, pour assurer l’évacuation sur la base du volontariat de ceux désireux de quitter le pays après le putsch de la semaine dernière.

Interrogée sur LCI à la mi-journée, Catherine Colonna avait confirmé qu’un premier avion était en vol et « il y en aura d’autres, de façon notamment à permettre une rotation, nous espérons pouvoir faire ça dans les 24 heures ». Les militaires ne sont pas concernés pas l’opération d’évacuation.

Un grand nombre de Français est actuellement en vacances, hors du pays, notamment ceux avec enfants en cette période de vacances scolaires. Dans le même temps, plusieurs personnes contactées par l’AFP ont indiqué ne pas souhaiter partir. « Pour l’instant, je reste ! », indiquait par message l’un d’eux, anonymement car tenu au silence par l’organisation humanitaire pour laquelle il travaille.

La France en contact avec la junte

D’autres, en mission ponctuelle au Niger, ont fait leurs valises. C’est le cas d’Anthony Garcia, bloqué dans le pays depuis mercredi dernier à cause de la fermeture de l’espace aérien par la junte à l’origine du coup d’État. « On nous a demandé de juste prendre un petit sac avec le nécessaire parce qu’on ne pourra pas prendre la valise », a-t-il expliqué à France 3.

Malgré le contexte tendu, c’est aux Français de rejoindre les points de rassemblement par leurs propres moyens avant d’embarquer pour la France. « La situation ces dernières heures est suffisamment calme pour que nous puissions procéder de cette façon, ils ont été prévenus pour la plupart d’entre eux et se dirigeront vers l’aéroport dès qu’ils le peuvent », a assuré Catherine Colonna.

Un journaliste présent à Niamey a constaté que les ressortissants français sont les seuls voyageurs à l’aéroport. Ils sont arrivés dans des véhicules privés, avec des petits sacs, comme demandé par le consulat. La police nigérienne y est présente aux côtés d’une vingtaine de soldats français en tenues civiles ou militaires, qui précisent que l’embarquement se fera comme « dans un aéroport classique ».

Pour mener à bien cette opération d’évacuation, la France a dû entrer en contact avec les autorités locales et la junte, une démarche indispensable « pour la sécurité de nos compatriotes », a justifié la ministre. Qui insiste : « il faut prendre contact avec les forces sur le terrain de façon à ce que ça se passe le mieux possible. Ces conversations se sont déroulées, ça ne signifie pas, évidemment, la reconnaissance des auteurs du putsch. »

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