"Un p'tit truc en plus": pourquoi la comédie d'Artus cartonne plus en régions qu'à Paris

Le phénomène Un p'tit truc en plus ne s'essouffle pas. La comédie feel good d'Artus, sur deux malfrats en cavale qui se cachent au milieu d'une colonie de vacances pour jeunes porteurs d'un handicap mental, continue de faire salle comble près d'un mois après sa sortie.

Toujours en tête du box-office français avec plus de 3,4 millions d'entrées, Un p'tit truc en plus s'apprête même à devenir le plus grand succès de l'année - et du cinéma français depuis le début de la pandémie. Le film pourrait même atteindre dans les prochaines semaines les 8 voire les 10 millions d'entrées.

Preuve de cet engouement, Un p'tit truc en plus est même apparu ces dernières semaines dans le top 10 du box-office mondial. Un fait exceptionnel pour un film français. "La semaine du 1er mai, il était à la dixième place, puis les week-end du 12 et du 19 mai, il était à la huitième place", indique Éric Marti, directeur de Comscore, société spécialisée dans l’analyse du box-office.

"C'est très rare", insiste le spécialiste. "On a pu voir dans ce top des films comme 'Astérix'. Mais rester trois semaines de suite dans le top mondial, c'est l'apanage des gros titres - le plus généralement, ce sont les grosses sorties américaines ou chinoises ou les animes et les films phénomènes qui sortent de l'ordinaire."

Un score inhabituel

Ce succès est porté par une forte affluence dans les cinémas en régions - et confirme une fois de plus l'engouement du public régional pour les comédies. Selon le site spécialisé CBO Box-Office, les entrées parisiennes d'Un p'tit truc en plus représentent ainsi seulement 8% du score global du film, avec 276.682 tickets vendus dans la capitale.

Le multiplexe Cinéville de La Roche-sur-Yon, en Vendée, témoigne particulièrement de cet emballement pour le film d'Artus. Avec 8.442 spectateurs la semaine du 15 mai pour Un p'tit truc en plus, le cinéma s'est imposé mercredi 23 mai en tête des 580 cinémas de France qui projettent le film d'Artus.

"En une semaine, Un p'tit truc en plus a dépassé le cumul des entrées de nos sept salles l'année dernière à la même époque - qui était d'un peu plus de 7.000 entrées. C'est un score inhabituel pour cette période", commente Fabien Lécureuil, le directeur du plus grand multiplexe de Vendée.

"Notre cinéma fonctionne très bien avec les comédies populaires françaises", poursuit-il. "L'année dernière, Alibi.com 2 a fait 24.000 entrées en trois mois. Là, en seulement trois semaines, Un p'tit truc en plus a déjà atteint 24.500 entrées! Je croyais au potentiel du film mais pas qu'il afficherait toujours complet trois semaines après."

"Le même niveau d'afflux qu'Avatar 2"

Les tickets pour le film s'arrachent désormais dans son cinéma. "Les gens anticipent car les séances étaient complètes la semaine dernière", glisse Fabien Lécurueil. Le lundi de Pentecôte, ce dernier a dû refuser une cinquantaine de personnes à la séance de 16 heures - alors qu'ils avaient déjà annoncé sur les réseaux sociaux que la séance était complète.

"On se retrouve avec le même niveau d'afflux qu'Avatar 2" se félicite l'exploitant. "Un p'tit truc en plus est déjà notre cinquième plus gros succès sur ces 10 dernières années après Avatar 2, La Famille Bélier, Le Roi Lion, Star Wars 7 et La Reine des neiges 2, qui sera bientôt dépassé par le film d'Artus."

L'Ouest de la France semble particulièrement réceptif au film. Au cinéma Le Chantecler, à Aumale, une commune de 2.000 habitants entre Rouen et Amien, le film a fait 1.600 entrées. "Ça draine les communes alentours, certes, mais ça témoigne surtout de l'ampleur du phénomène", note David Baudry, directeur de la distribution de Pan Distribution, qui a produit Un p'tit truc en plus.

"Un p'tit truc en plus marche très bien dans le Grand Ouest, de Bordeaux à la Normandie, et dans la région de Lyon", précise encore Éric Marti. "Au sein de ces régions, on retrouve certaines salles qui marchent très fortement tout au long de l'année."

"En régions, il y a quelque chose de l'ordre de la réception naturelle des films", poursuit David Baudry. "On regarde les films comme ils viennent, sans a priori. Et quand un film se met à fonctionner, il fonctionne partout. On va chercher des spectateurs qui ne sont pas des habitués du cinéma."

"Une adhésion totale"

La fin des vacances scolaires et des longs week-ends de mai n'a pas, pour l'heure ralenti cet engouement, note Fabien Lécureuil: "On a déjà vendu 150 sur 500 tickets pour la séance de 20 heures vendredi soir. Et on a déjà une centaine de tickets vendus pour samedi."

"On arrive en quatrième semaine avec les chiffres qu'on visait à son lancement", confie David Baudry. "Il a fait 90.000 entrées mercredi et 80.000 entrées jeudi - alors que Furiosa a fait 45.000 mercredi. On sait que le film est là et qu'il plaît. Il y a une adhésion totale. C'est rare une unanimité aussi flagrante sur un tel film."

Jusqu'où ira Un p'tit truc en plus? Si la barre des quatre millions d'entrées sera franchie ce week-end, tout peut désormais se passer, indique Éric Marti. "Il y a une grande règle dans le cinéma: au-delà de 4 millions d'entrées, le film appartient au public et cela devient très difficile à estimer jusqu'où il peut aller."

Avec l'arrivée de la Fête du Cinéma fin mai puis des vacances d'été, Un p'tit truc en plus peut se maintenir jusqu'aux Jeux paralympiques fin août. "Ça peut relancer à la fin de l'été la fréquentation et l'intérêt autour du film", conclut Éric Marti.

Article original publié sur BFMTV.com