"Un p'tit truc en plus", la comédie d'Artus bienveillante et potache sur les personnes handicapées

Rire avec et non contre les personnes en situation de handicap pour changer le regard que la société porte sur elles: c'est l'ambition de l'humoriste Artus avec Un p'tit truc en plus, sa première réalisation, en salles ce mercredi 1er mai.

Dans cette comédie feel good, dans la lignée de Nos jours heureux de Nakache et Toledano, un père et son fils en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour adultes en situation de handicap. Ils se font passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Un séjour qui va les changer à jamais.

Ce film est né de la fascination d'Artus pour Le Huitième jour, sur la rencontre entre un cadre sup (Daniel Auteuil) et une personne atteinte de trisomie 21 (Pascal Duquenne). "C'est un film d'une grande poésie et d'une grande élégance. Je pensais que ça allait ouvrir une porte au cinéma mais malheureusement pas tant que ça."

"Changer le regard"

Avec Un p'tit truc en plus, Artus s'est senti investi d'une mission. "J'ai envie de faire changer le regard. Il faut aller vers l'autre. L'ignorance, c'est ce qu'il y a de pire. Les personnes en situation de handicap représentent 10% de la population. Il ne faut plus que ce soit un tabou. Si les gens se rendaient compte à quel point le rapport avec eux est simple..."

"Sur le handicap physique, on est en train de bien évoluer. Mais le handicap mental, c'est encore autre chose. On a peur de ne pas savoir comment parler, à qui s'adresser", déplore encore le réalisateur, qui a rencontré de nombreuses difficultés, au cours de ces dix dernières années, pour monter son projet:

"Des gens m'ont clairement dit qu'ils n'allaient pas mettre des sous car 'personne ne veut voir des handicapés pendant une heure et demie sur grand écran'. J'espère que ce film marchera pour leur donner tort."

Avec Un p'tit truc en plus, Artus aborde un sujet difficile avec bienveillance et une bonne dose d'humour potache. Dans une scène, un des personnages fabrique avec de la pâte à sel des pales d'éolienne qu'il souhaite offrir à un autre membre de la colonie. Or ce dernier est juif et les pales d'éolienne ressemblent à une croix gammée.

A-t-il eu peur de choquer, d'aller trop loin avec ce genre de gags? "On a toujours peur quand on fait un premier film, quand on s'attaque à un sujet comme ça", confie le réalisateur. "Dans tous les cas, quand on fait un truc aujourd'hui, il y a toujours des gens qui en diront du mal. Peu importe le projet."

Inspiré par les acteurs

Mais Artus a écrit le film avec bienveillance, en fonction des comédiens. Tous les personnages du film sont inspirés par les personnalités des véritables comédiens, tous atteints de handicap mental. L'un d'entre eux parle comme Nicolas Sarkozy, un autre est fan de Dalida tandis qu'un troisième porte des déguisements extravagants.

"Je n'ai rien créé. Ils sont comme ça dans la vraie vie", insiste Artus. "Je les ai castés avant de finir l'écriture afin d'écrire pour eux. Je voulais que ça colle au plus près de qui ils sont. J'avais besoin qu'on soit le plus proche de la réalité. C'était aussi pour me protéger (vis-à-vis des potentielles critiques)."

Un des acteurs, Stanislas, qui travaille au Papotin, rédaction composée d'une cinquantaine de journalistes porteurs de troubles du spectre autistique, crève l'écran avec ses imitations au cordeau de Nicolas Sarkozy. Il provoque l'hilarité dans une scène où il retrace la rencontre entre l'ancien Président et Carla Bruni.

"Ce n'est pas un personnage. Au Papotin, il a interviewé Emmanuel Macron. Il est vraiment comme ça. C'est sa façon de parler", détaille Artus. "On lui a écrit de longues tirades pour profiter de ce phrasé."

Des comédies pas feignantes

Artus a aussi ajouté au film Sylvain, son personnage fétiche dont le succès l'a "un peu dépassé". "Ça m'a paru logique de l'intégrer même si au début ça me faisait peur. J'avais peur qu'en mettant ce personnage (qui se fait passer pour un handicapé), j'abîme le film et que ça en fasse une comédie un peu lourde."

Inspiré par Nos jours heureux, Artus a souhaité faire "un film joyeux". "Je n'avais pas envie de faire un film anxiogène avec des gens en situation de handicap. Je voulais que les gens sortent du film en se disant que ça leur avait fait du bien, qu'ils avaient envie d'être avec eux. Je ne veux pas que les gens sortent du film en étant déprimés."

Révélé par On n'demande qu'à en rire et Le Bureau des légendes, Artus espère tourner moins de comédies: "Je n'ai plus envie de faire des films parce qu'il faut les faire. J'ai envie de mieux choisir. J'ai envie de faire des comédies qui racontent quelque chose. Des comédies pas feignantes et malheureusement il y en a beaucoup."

Artus ne sait pas s'il réalisera un second film. "Je suis cuisinier à la base. Tout ce que je vis là, c'est du bonus. Si ça s'arrête demain, ce n'est pas grave, je ferai autre chose." En souvenir d'Un p'tit truc en plus, il s'est tatoué le titre sur son bras. "Ils ont tous écrit les lettres. Ça reste un souvenir fou donc je suis content de l'avoir à jamais sur le bras."

Article original publié sur BFMTV.com